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Découvert sur notre compilation ADA28, le folk décharné de Lonely Faction est de ces musiques qui s’installent tranquillement dans notre quotidien et que l’on réécoute de préférence aux autres disques lorsque vient l’envie de ce dépouillement. Oeuvre d’Adrien G, en solitaire mais avec assistance, au plus près de l’envie et de l’inspiration par son mode opératoire (un 8 pistes numérique comme pendant actualisé du 4 pistes à K7 des pionniers du genre), « So few confortable places » fait en 11 titres une telle impression que chaque écoute se vit comme une nouvelle révélation.

S’inscrivant dans le revival folk de ces dernières années, Lonely Faction a quelque chose de plus, qui tient tout autant au songwriting qu’à la justesse de l’interprétation, la variété des ambiances, le timbre du chant, le choix des arrangements faisant la part belle aux voix. La qualité des textes n’est pas en reste, histoires de solitudes, d’éloignement mais avec parfois la porte ouverte au retour : chez Lonely Faction on souffre mais on ne brûle pas toujours les ponts, la main reste ouverte même si elle n’est plus tendue, la peur d’une nouvelle morsure rend prudent... La richesse du lexique, la capacité d’Adrien G (et Virginie H pour une chanson) à peindre des histoires fortes en quelques lignes élèvent les chansons de Lonely Faction au niveau des plus belles réussites du genre, et bien au dessus de la plupart des efforts des Français qui s’essayent à l’écriture en anglais.

« Softens the blow » ouvre courageusement le disque avec une chorale a capella, rejointe à mi-course par une guitare, un piano et une guitare électrique en arpèges. On rentre véritablement dans le vif du sujet avec « about a left eyed photographer », première d’une série impressionnante de perles folk, à mi-chemin entre les premiers pas d’Elliott Smith en solo et un Kurt Cobain désabusé préparant dans son salon un concert unplugged qui ne fera que confirmer son retrait du monde... « On the loose » fait encore monter l’émotion d’un cran, perfection du son de la guitare, économie de l’interprétation, choeurs enveloppant la voix principale, l’un des sommets du disque avec « in a low tone ».

Adrien G, modeste et discret, distille au compte gouttes la quintessence d’un folk moderne, personnel et touchant. L’autoproduction et les concerts intimistes qu’il donne avec parcimonie lui vont à ravir tant sa musique semble pure et fragile. Pourtant, on se prend à rêver qu’il puisse toucher un public plus large. Ses chansons ont toutes les qualités pour le faire.




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