> Critiques > Labellisés



Difficile de chroniquer quelqu’un qu’on connaît. Plein de pièges, c’est donc un exercice de chroniqueur très intéressant !

Je connais bien Dog Bless You. J’ai même joué avec lui il fût un temps, assez lointain pour vous éviter une cascade de superlatifs. En plus de l’affection que j’ai pour la personne derrière ce nom, j’en ai une particulière pour le label Chez.Kito.Kat (peut être l’avez-vous remarqué). Alors c’est simple, il faut se détacher un peu de la personne, voir l’œuvre comme celle d’un inconnu.

Et bien phénomène étrange, je n’ai pas eu besoin de le faire, Dog Bless You l’a fait pour moi. Je me retrouve en effet face à un parfait inconnu, sa musique a évolué vers d’autres sphères, c’est très différent de ce que j’ai connu. Trop occupé à faire la promotion d’autres artistes (car le Dog est une des trois têtes du label), il a mis quelques années à nous offrir cet album. Et forcément, pendant cette période où nous ne nous sommes quasiment jamais croisés, ses ambitions ont évolué, sa façon de composer a changé. La première chose qui m’a frappée avec cet album, c’est sa musicalité. Ce sont des morceaux, pas des séquences. 13 morceaux comme autant de références à des influences qui font de cette musique un grand écart très cohérent. Chaque titre convoque un invité, comme si le Dog se servait de son pseudo pour continuer à mettre les autres en avant.

Dès "Screaming frog" je suis embarqué, surtout grâce à la subtilité mélodique. "Be your god" avec Shadya (Beat For Sale) et Wood au chant impeccable me renvoie à l’époque bénite des premiers Terranova. Le disque combine esthétique électro, ambiance trip hop, nostalgie d’une certaine vision du hip hop (320 Ontario et Power qui nous ferait penser que la mort de Tupac n’est qu’un canular), et sensibilité pop.

"S.M.B.M" est un coup de cœur, alors oui j’adore la voix de S8N (Florian Schall), mais bordel ce titre est d’’une mélancolie douce qui me rappelle les meilleurs morceaux de Massive Attack, avec un refrain qui serait presque un clin d’œil trip hop à Sade (on partage le même goût prononcé pour cette icône de la musique sensuelle).

Il a aussi réussi à ressusciter un de mes groupes ultimes : Hood. L’origine de la prouesse ? "Echoes & Feed Backs" avec Alone With King Kong en guest. "Parc extensions" est un instru qui fonctionne comme une véritable illustration sonore, à l’instar de certains groupes qu’on retrouve chez Kranky. "Mad" pourra vous rendre dingue avec sa profondeur de son, sa progression et son rythme panoramique. Je découvre ici le talent du Dog pour écrire des mélodies qui restent, des refrains, les morceaux sont construits comme si c’était le travail d’un groupe et fourmillent de trouvailles sonores, de curiosités. "La patte à modeler" avec Mr Bios en guest en recèle une bonne dose !

Il nous quitte sur une évadée en abstraction où je retrouve un peu celui que j’ai connu, errant dans ses paysages sonores ressemblant étrangement à un vol France-Canada. Voyage réussi, j’avais l’impression d’être à bord avec lui.

Le son est d’une qualité hallucinante, ainsi que le mixage et les effets de spatialisation qui ont dû demander un temps fou, tout comme la richesse sonore qu’une écoute au casque révèlera telle une loupe qui nous plongerait dans les secrets des mondes que notre œil ignore. A ce propos je tire ma révérence à Benshon Beerhaum (Kaliayev) pour son impressionnant boulot d’ingé son.

Un disque à l’image de son créateur, tourné vers les autres, le regard dans toutes les directions avec pour point commun une éthique et une approche totalement passionnée et dévouée de la musique.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.