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On éteint la radio, on arrête de lire les journaux spécialisés et on redevient sérieux à l’égard du rock français. Car tant que certains labels continueront à faire du sale boulot, mésestimant les groupes que nous avons besoin d’écouter pour préférer miser sur des hype et des écoles à la durée de vie fatalement restreinte, il faudra partir soi-même en chasse, manière de dégoter les artistes français qui nous rassureront quant-à la capacité du rock d’ici à toujours sévir, même si de façon indignement confidentielle ou dans l’autoproduction (mais de nos jours, l’autoproduction est une valeur, un refuge, un gage de liberté permettant toutes les audaces).

Bien sûr, pour un This is Alaska, un Rhume ou un French Leisure, combien de jeunes formations tellement soucieuses de se faire un nom que suintant déjà l’envie de parader sur les ondes ? L’arbre cache la forêt.

Malgré une sacrée puissance sonore et mélodique, les lillois de Maria Goretti Quartet ne resterons peut-être qu’un rock-band dont l’encyclopédiste dira, dans quelques années, « et puis en 2013 Maria Goretti Quartet a sorti un Lp nommé 14 : 02, un disque qui écrasait la concurrence mais nous étions alors peu à le savoir ». Ce serait dommage tant ce groupe et ce disque en appellent à la reconnaissance unanime. Mais ce serait également un bel hommage pour tous ces groupes de l’ombre qui composent la véritable modernité française, celle que nous n’entendons pas sur les ondes grands publics et que nous ne verrons pas en couverture de la presse érudite ; cette modernité française qui, loin des petits malins vendues aujourd’hui comme la next big thing, raconteront pourtant, mieux que personne, ce qu’était le rock, le vrai, au cours de la dernière décennie.

Maria Goretti Quartet, c’est une sacrée prise de risque : faire croire à l’attitude désinvolte, à une position négligée là où, en écoutant attentivement, que d’idées d’accords ! Que de solutions évidentes afin de monstrueusement faire sonner une chanson !

Maria Goretti Quartet est le plus grand groupe de branleurs du monde. Car tout lui semble si simple et naïf (à quoi bon se poser des questions théoriques lorsqu’on balance une musique punk très personnelle, très direct, a priori purement instinctive ?)… D’un autre côté, ce mélange entre punk et post-punk (le chroniqueur distrait pense ici à Magazine ou aux Buzzcocks), est bien trop limpide pour que les gars de Maria Goretti Quartet n’y aient quand même pas réfléchi avec grande attention. Et pour cause : il y a longtemps qu’on n’avait pas entendu une musique à l’héritage punk sachant aussi bien concilier urgence et réflexion, limpidité et bordel, grâce et lourdeur… Une alchimie qui trouve un point d’orgue avec l’incroyable « Sadnesssong », plus belle chanson de Johnny Rotten depuis… « This is not a Love Song » ! En effet : à découvrir absolument et à faire tourner en boucle…

On peut écrire des louanges sur l’art de la spontanéité. Concept foireux : la spontanéité n’existe pas et n’exige que du travail. La spontanéité n’est que chimère, pur baratin. Si sensation de spontanéité il y’a, c’est que, au préalable, le groupe travailla dur, au forceps, pour réussir, comme Maria Goretti Quartet aujourd’hui, à pouvoir offrir l’évidence d’une musique telle que l’auditeur n’y verra au préalable qu’un contour punk-rock, une sorte de nonchalance destroy là où il n’y a qu’écriture et don de soi.




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