25 septembre 2025 / Question (faussement) naïve : dans quel monde (sourd) un disque tel que le nouvel album de Blackbraid, projet black metal élaboré en 2022 dans une cabane des Adirondacks par l’amérindien Jon Krieger, se voit diffusé sans label ? Encolérée par la spoliation à l’origine de la création d’un pays qui restera à tout jamais la conglomération bâtarde de cultures se côtoyant malgré elles dans une haine viscérale, une génération de natifs se lève et traduit sa colère sociologique en empoignant des guitares électriques : en guise d’analogie, l’on se souviendra de l’excellent Wassup Rockers de Larry Clark, mettant en scène des skateurs latinos adeptes de punk-rock dans les banlieues anxiogènes de Los Angeles, en bute avec leur environnement et sujets à des agressions raciales et culturelles. Planche à roulettes, bois, gomme, autocollants Jay Adams // le rejet, universel, le rejet de la différence // distorsion mélodique réverbérée, chant qui s’étrangle, chat asphyxié, batterie azimuts, apartés folk ou pagan ou post-rock, la lenteur, parfois, arpèges hypnotiques, motifs répétitifs, ambiance Silent Hill, une manière comme une autre de se créer une carapace : exsude de l’ensemble une mélancolie saisissante, imparable - Blackbraid III de bout en bout prend aux tripes. Magistral.