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Quel album ! Quelle traversée ! (oui, à l’instar de James Joyce dans son abominable-génial Finnegans Wake, je m’exclame !) L’on perçoit dans le chant viscéral d’Elie Zoé à quel point laisser derrière soi la peau d’une autre, l’Émilie d’un passé non pas renié mais sublimé, doit être complexe. La voix – plus grave – à apprivoiser, les registres qui s’ouvrent quand d’autres se ferment, l’amitié constante du producteur Louis Jucker, tout concourt à faire de ce quatrième opus à l’intitulé particulièrement pertinent une histoire personnelle imbriquée dans un parcours musical jusqu’ici irréprochable. Puisant dans le meilleur de l’underground US des nineties, ascendant crépusculaire, d’American Music Club à Sparklehorse en passant par early Cat Power, le vénéneux Shifting Forms est une leçon d’épure, ne serait-ce que parce qu’aucune guitare – acoustique, électrique – n’est jouée en accords : l’on reconstruit patiemment les harmonies en motifs répétitifs qui se croisent, s’empilent ou dissonent, délice. En neuf titres frissonnants de beauté nocturne, Elie Zoé nous offre des somptueuses ballades à la quiétude solaire (Devour The Sun), des mélopées hantées teintées de shoegaze (The Whole of The Moon, final grandiose) et de l’épique entêtant (Dormant Plants, par sa dynamique rythmique, évoque The National). Sommet que ce Change My Name dont la rage rentrée éclate en une théâtralité électrique à la Muse, teintée de core et de pagan, portée par des arpèges mélancoliques et des collages sonores. Il faudra la rengaine country-folk mâtinée de piano Think Like A Mountain pour éteindre un incendie que l’on souhaiterait éternel. Sauf que brûler, ça coûte, et le bourdonnant How We Break – patient crescendo gazecore qui clôture en beauté un album passionnant – est là pour nous rappeler qu’en ce bas monde, rien n’est gagné. Magistral.




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