5 octobre 2025 / Ah, le chaos, le chaos dissonant, le chaos mort-vivant, le chaos lysergique, ce chaos là est si bueno – il nous rend alerte, il ouvre l’appétit, il secoue, inquiète et néanmoins rassure. Qui voudrait se nourrir ad vitam æternam des soupes pop concoctées par Camera Obscura, The Divine Comedy et autres Wilco ? D’emblée le quintet polonais Ciśnienie fonce dans le tas et tisse, au travers de l’inaugural My Childhood Was A Period Of Waiting For The Moment When I Could Send Everyone And Everything Connected With It To Hell le pendant maléfique du génialissime Rockets Fall On Rocket Falls de Godspeed You ! Black Emperor : vingt minutes de saxophone bourru à la Morphine, d’empilements de guitares pointillistes, de violon grinçant, de basse patiente, de batterie volontariste, d’emprunts à Stravinsky (Symphony of Psalms) ou Holst (Saturn) ; bouillonnement post-rock mâtiné d’ambient – piano crépusculaire –, jusqu’à l’éclatement. D’emblée, Maciej Klich et ses comparses nous préviennent : « This album is designed to be played loudly. Listen as loud as you can or as loud as you’re allowed. ». Tu m’étonnes. Le tournoyant Gilotyna, de gammes décalées en harmonies montantes, s’avère un pur shot d’adrénaline hardcoregaze nébuleux indus et noise qu’un Al Jourgensen du bon vieux temps ne renierait pas ; le post-jazz apocalyptique Gówno (gowno) lorgne vers un mur du son réverbéré, kraut et bourdon, claviers déglingués au bord de la saturation, l’apocalypse répétitive, canyon aussi large que le sourire de Tante Gladys, John Zorn versus la patience qui délivre ses douces notes de piano en attendant mieux ; le chaos, final bruitiste, oh, c’est simple, Carthago Delenda Est, contrairement à la belle musique - conclusion fabuleuse, d’une beauté à se tordre les fesses sur sa chaise. Magistral.