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Dans les sous-sols parisiens, il est de plus en plus difficile de croiser un regard, et si le contact se fait, il s’en dégage une forme d’agressivité qui vous fait craindre une sortie de rame agrémentée d’une insulte. Tout le monde est happé par son smartphone, devenu une prolongation de ses corps qui vivent sous hypnose. Fini le temps où un regard vous charmait, éclaircissait votre journée, était le point de départ d’une histoire rêvée qui ne finirait pas pour autant dans les petites annonces de Libération. Et puis il y avait les regards qui vous attendrissaient alors que rien ne semblait devoir de prime abord vous accrocher. C’est aussi le cas en musique, comme avec ce EP de Hot Bodies alias Gérald Kurdian. Gérald n’est pas un perdreau de l’année, prix Paris Jeunes Talents en 2011 (il assurera les premières parties de The DøPiers FacciniEmily Loizeau ou Elysian Fields) à cette époque) après un premier album sorti chez Bs records en 2010. Travaillant indifféremment sur les performances proches de l’art contemporain, ou en collaboration avec Guillaume Jaoul et Chapelier Fou (qui joue sur Seeming) le temps du EP Icosaèdre.

Il développe surtout les concerts obliques et des projets comme HOT BODIES OF THE FUTURE !, HOT BODIES – CHOIR, A QUEER BALL FOR HOT BODIES OF THE FUTURE, déclinant son concept dans une recherche expérimentale toujours dans une perspective de trouver le regard qui magnifiera l’œuvre.

Il revient dans le plus simple appareil, celui de Hot Bodies, sur le label Hot Bobies of the Future (les corps toujours les corps), revenant sur son parcours, ses introspections, ses recherches les plus intimes avec un disque épatant de bout en bout, convoquant autant The National (celui de High Violet sur Ah Ah) que Jay-Jay Johanson (moins glacial que le suédois, plus charnel) que le meilleur de la folk contemporaine pour mieux la dévergonder sur une électro aux pulsions d’un érotisme profond. Éclairé il y a quelques mois par le poignant M/others, Hot bodies ne cache pas ses blessures (magnétique Cold ou comme un Devendra Banhart emprisonné dans le corps de Matt Johnson), ses attentes, ses envies, ses désirs, mais surtout une douceur qui résonne chez nous comme un appel pour se jouer de ses Deamons.

Gracieux, ce EP produit par Don Turi (Jeanne Added, Chien Noir, Barbara Pravi...) est une réussite dingue, un disque attachant que l’on ne craindra pas de croiser, sachant que l’aimant qui se cache derrière est celui d’une bienveillance touchante, car nourri d’une vie multiple. Hot Heart.




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