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" Que nous ne ferions pas pour la peau " disait Dominique A, la peau, ce doux réceptacle de nos peurs ou désirs mêmes les plus intimes. Cette frontière naturelle expressive quand elle se voit confronter à une émotion neuve, a fort à faire avec Dermaphrodite. Elle comprend autant ce concept qu’elle voudrait le voir danser comme une ombre personnelle, loin des lumières. Mais la peau aime le toucher, aime les caresses et préfère le partage à la désertion. Il était dés lors temps de vous parler de cette émotion forte. La difficulté est de mise, car quelque chose d’intrigant ou de rater peut intervenir. Comme dans les disques de Rodolphe Burger depuis Cheval Mouvement on sait que la poésie musicale du chant français se marie avec la liberté dans la pensée et son cheminement. Something wrong could happen, comme une devise imparable que nous voudrions inséparable de nos jours toujours en vie. La vie, la peau, ne manquait plus que l’amour pour nous combler. Il y est, venimeux, pervers, insidieux, un nuage épais se posant comme nous aspirant avec douceur. Dermaphrodite répond à nos doutes sur ce que pourrait être demain. L’album nous fait aimer l’instant comme le premier, comme cet amour unique qui ne sera jamais le départ des autres, mais sa statue du commandeur. Watine pour y parvenir utilise des styles différents sans pour autant signer l’album d’une virgule d’opportunisme. Si Brenda Kahn en plus fragile et sensuelle (sing c’est la vie / charabia), Bjork moins maniérée (anymore au bord des larmes / follow my vision), Kate Bush ou Françoise Hardy (dépossédé de sa sensualité quasi perverse sur le magnifique not a prentence) ou encore Rodolphe Burger (milkshake / affraid) pour des arrangements avec la beauté, sont ici en filigrane, Watine a tissé un fil (loin du bourdon de Camille) qui relie l’ensemble comme les cellules de notre peau se parlent entre elles pour faire tenir le bloc et passer les sentiments. Si le plus dur est de poser sur une page l’amour et le bonheur que l’on peut ressentir en écoutant des chansons, sachez que l’auteur de ces lignes vient de connaître l’enfer de perdre les mots, de les voir se changer, se faire vampiriser ou même contrarier par une envie de trop bien faire. Watine ne donne pas son âme (like those films en est le fruit), elle montre juste simplement avec un souffle nouveau qu’elle en a une. L’âme, la peau, la vie, l’amour un bien beau milkshake. Sensation [Phénomène psychophysiologique transformant une stimulation des organes récepteurs en un état particulier de la conscience.]. Just sing c’est la vie.