Lire la chute de Camus est comme montrer un homme à canule à des jeunes fumeurs, une sorte de choc qui limitera déjà les mauvais choix. Tomber d’un pont n’est pourtant pas la pire des chutes, regardez un acteur américain nain et broyeur de ménage, on peut chuter en étant debout. La chute de Lightspeed Champion se fait du Lavender bridge un dégringolade en accord majeur. Imaginez la scéne, un quatuor à corde, une brise légére, un Elvis Costello black. Celui-ci se jettant du pont. Là stupeur, mais de Costello à Peter Pan il n’y a qu’un pas, et les arabsques se succéderont dés lors aux arabesques. Le garçon voltige sur des lignes mélodisques plus irressistibles les unes aux autres comme si les housemartins avaient abandonné leur course à rattraper les Smiths pour se laisser aller (midnight surprise) à plus d’envergure. Alors que Neil Hannon a depuis quelque temps perdu du temps dans des projets piéguex, un jeune homme à l’allure loin des stéréotypes prend la tête de la pop ourlée et débonnaire. Absence de vulgarité, aisance dans les arrangements, écriture tout à la fois éliptique et impréssioniste, Falling off the lavender bridge est un ovni pop qui ne pourra pas en rester là. Il y a chez ce garçon des indices qui pourraient très vite le mettre sur la route qu’a empreinté Beck pour compacter et exploser la musique américaine, sauf qu’ici la pop anglaise sera la chanceuse.Quand on connaît le parcours du jeune homme, il faut de constater sa nouvelle vie artistique. Comme quoi il y a de l’espoir pour tout le monde.