C’était il y a longtemps, c’était un temps où l’on partageait les groupes avec le reste de la famille, et que l’on ne parlait pas de Mano Negra mais de la Mano, de Manu de santi, de Roger cageot, on chantait sidi ’n’ bibi quasiment comme un acte politique quand n’a qu’un œil squattait les plateaux télé à grand coup de populisme face souvent à la gangrène des années frics président véreux des bonshommes en short. La Mano c’était les filles qui n’ étaient pas là que pour le sexe, l’amour qui n’était pas que violent et aussi la vie qui valait d’être consumée dans la joie mais pas dans l’altération. Dans ce double dvd on retrouve tout cela, on retrouve des filles loin de laisser leur féminité à des esthètes frigides, les crises d’adolescence d’un groupe dans le mouvement (de joint de culasse aux hot pants en passant par los carayos). C’est toute l’histoire d’une époque, l’histoire des squats, l’histoire du mouvement alternatif, la débrouille de l’époque des groupes qui fusionnent. Ce dvd c’est aussi la sueur et le physique comme un instrument, la générosité à son point ultime. Ce dvd se découvre comme un livre d’écolier que l’on aurait depuis longtemps laissé se couvrir de poussière, que l’on aurait même légèrement dénigré depuis, et puis qui, plus de quinze ans nous mettrait une claque peut être encore plus puissante qu’a l’époque. La Mano c’étaient nos clash à nous, des clash qui auraient rencontré les pogues dans un bar de quito, un clash qui aurait aussi peur du vide que francis lalanne face à lui-même. Ce dvd en quatre reportages et plusieurs bonus retracent non pas l’histoire mais les histoires de ce qui reste peut être comme le meilleur groupe de notre beau pays. On retiendra surtout cette tournée de Pigalle (je me souviens encore des passages de ce sujet sur M6, quand celle-ci était parfois une vraie alternative musicale) entre surréalisme et réalisme cru, entre générosité et proximité palpable, entre amour et amitié, c’était tout cela la Mano, il y a longtemps. Plus de bruit.