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Interview réalisée via mail en Mai 2008

Retour d’Experience pour l’interview express par mail, Michel Cloup prend le temps de nous parler de diabologum, de portishead, et des barricades.

Michel quinze ans après comme un infriste et je ne reviendrai jamais rien n’a changé ?

— Oui et non. Non : car c’est toujours (et de plus en plus) la bataille pour des groupes comme EXP. Oui : car il y a de plus en plus d’artistes comme nous en France, entre plusieurs genres, atypiques, et que du coup on se sent moins seuls.

Expérience sur un tissu rouge c’est le clin d’œil pour 68 ? Expérience sur les barricades ?

— Pas vraiment, mais c’est vrai qu’il y a cette notion de bataille et de fierté dans ce drapeau rouge.

Avec « nous (en) sommes encore là » expérience semble renouer avec la musique des années 90 de Shellac à Sonic Youth laissant le rap de côté ? Retour aux sources ?

— Oui et non, il y a des titres vraiment plus hip-hop que par le passé même si dans l’ensemble, c’est le retour de la guitare et du rock. Je pense que cela est du au fait que j’ai repris cet instrument que j’avais un peu délaissé depuis notre deuxième album.

Le rap n’a t’il pas d’ailleurs perdu de sa pulsion revendicatrice ?

— Autant que le Rock, je crois, mais il y a encore la face cachée de l’Iceberg, des groupes ou artistes qui font trembler les sous-sols, simplement ils sont de moins en moins visibles, les médias préfèrent exposer des artistes sans danger. Casey est un contre exemple, un fille qui redore le blason du hip-hop Français.

Ce retour aux guitares n’est pas aussi un besoin physique, l’arme absolue sur scène ?

— Exactement.

A vous écouter l’espoir est loin (ils sont devenus fous) point de retour possible (il y a toujours une lumière) ?

— L’espoir, c’est toi qui le construit (ou pas). Je ne suis pas quelqu’un de spécialement sombre, j’ai une famille, deux enfants, je suis dans la vraie vie, je ne passe pas mon temps dans ma chambre à relire Guy Debord. Après, ce que j’exprime dans mes textes est un point de vue assez réaliste il me semble, l’un n’empêche pas l’autre, non ?

Comment les textes t’arrivent ils ? Les infos, les yeux, les fenêtres ouvertes ?

— Les yeux et les oreilles ouvertes, un carnet dans la poche.

Tu assumes à ce sujet la parfois naïveté de tes textes ?

— De quelle naïveté parles-tu ? La naïveté de croire que l’on peut se donner les moyens de vivre un peu mieux en ayant un peu moins l’impression de subir ? Que même si on ne change absolument rien à la face du monde on peut juste se sentir un peu moins pris en otage ? Si c’est de cette naïveté là dont tu parles, alors oui, je suis totalement naïf et je l’assume !

Trouves-tu encore ton compte dans le format pop (couplet / refrain) ? Il n’est pas là l’avenir d’Experience, s’affranchir du format pour ne pas baliser la revendication (comme sur « nous (en) en sommes encore là » la chanson ?

— Le non-format est un format comme un autre, Exp n’est pas un groupe de revendication mais d’expression.

Un hasard mais dernièrement le mot République a été plusieurs fois collé à un adjectif négatif comme chez vous (Bashung par exemple). Tu penses que nous sommes dans le renoncement et que la république est en danger ?

— Il n’y a aucun danger pour la République dont tu parles, ça fait bien longtemps qu’elle n’existe plus.

Pourquoi être parti à Chicago pour enregistrer ce nouvel album ?

— Pour changer d’air.

Comment est arrivé ever got the feelin’ you’ve been cheated ? Qui n’est pas sans nous rappeler « kill sub pop stars » ?

— Je suis fasciné par cette réplique de Johnny Rotten lors du dernier concert des sex pistols. C’est visionnaire, ça annonce ce qu’est devenu le mouvement punk depuis : un commerce comme un autre.

Cet ami de la petite précision tu le connais bien ?

— Oui, très bien.

Ton souhait pour le prochain disque c’est d’anéantir le en sous ses parenthèses, mais même si une forme de romantisme transpire chez Experience, vous pourriez écrire sur le bonheur, et non plus sur sa recherche ?

— Ce serait ennuyeux non ?

On connaît ton attrait pour le cinéma, après Lynch ou Eustache c’est Pialat qui est présent sur ce disque (un moment très émouvant d’ailleurs). Quel cinéaste trouve grâce à tes yeux à l’heure actuelle ?

— Rien de nouveau en ce moment, ou alors je ne connais pas.

Tu peux nous présenter Mary Jane ?

— C’est simplement la femme de ma vie.

Avec ce nouvel album tu n’as jamais aussi prêt de #3 (une larme dans un verre d’eau / entendre ça) mais jamais aussi loin également (something broken). Ce disque ne fini pas par te peser ?

— Non, je n’y pense pas du tout, je ne l’écoute jamais. Diabologum est mort depuis longtemps pour moi. Aucune nostalgie.

Pour en finir avec cela pourrais tu retravailler avec Arnaud Michniak ?

— Oui. Nous avons écrit un titre à deux voix que nous avons joué au Bikini il y a quelques jours avec EXP, avec aussi R qui joue avec Arnaud. Pour l’nstant rien n’est prévu car nous avons des projets en cours.

Tu écoutes quoi en ce moment, et comment juges tu la scène française actuelle ?

— J’écoute le ‘machine gun’ de Portishead en boucle, Make Believe, Casey, et les disques de mes copains. La scène Française, c’est un terme bien vaste, je n’en pense pas grand chose, juste il y a des artistes ou groupes avec qui on se sent des affinités : Psykick Lyrikah, Mendelson, Arnaud bien sûr, Non stop, Spoke Orkestra.Il y en a de plus en plus, et c’est tant mieux car, comme je le disais plus haut, on se sent moins seuls.

Le mot de la fin est pour toi

— Fin.