Si vous pour vous la Jamaïque se résume au Reggae, à la ganja au plaisir d’être sur terre dans la fumée, ou encore à un bonhomme tout jaune qui déboule à la vitesse d’une balle de fusil d’un flic un soir de bavure policière, sachez que ce possible Eden est aussi un pays de violence, de corruption, en gros un enfer tout jaune. C’est ce que dénonce la furie Terry Lynn, comme si les femmes faisaient la révolution, pendant que les hommes se taillent des pipes à bonheur. Si l’on excepte une reprise de Boney M qui me fera dire alors que mon café colombien refroidissait, « oh putain je vais me bruler un neurone », ce premier album de Terry Lynn est un brûlot incendiaire, reléguant les chansons de Joey Starr au rayon ballades pour enfants sages. Aussi couillu qu’un journaliste anti mafia en Calabre, Terry Lynn invective establishment corrompu, faisant de son disque un tract des populations pauvres de ce « havre de paix » pour occidentaux habitués aux lexomil et au béton. Tout en mélangeant électro, reggae, techno et dub, Terry ne stylise pas son écriture, froissant le papier, non par pour réécrire, mais pour perdre certaines ordures dans les aspérités d’un papier au dénivelé impressionnant. C’est la lutte qui commence, alors que chez d’autre elle était finale avant même de commencer. Les rues de Kingston sont rouges.