Si je suis un pessimiste convaincu je vais vous dire que l’album de Mayanob est à moitié raté, par contre si je suis un des enfants d’Ibrahimovitch avec un livret A m’assurant une vie tranquille et donc une vue ultra positive des choses je pourrais dire que le disque est à moitié plaisant voir carrément bluffant. Dans le meilleur des cas la musique de Mayanob serait un genre de Tarwater poisseux faisant passer par instant « Silur » pour une disque cristallin et optimiste, dans le pire des cas le groupe se fracasse contre un mur d’un alliage grossier entre différents courants, faisant de ce pseudo tourbillon une vision d’horreur (aller au bout de « Kesaj Chave » relève de l’exploit). L’avantage est que l’entreprise « Music Movement » est bipolaire mais parfaitement scindée. Une première partie de bonne facture voire formidable, et une seconde poussive. On s’attardera donc plus volontier sur les réussites, comme « No Shell ». Ce sont des notes de piano fracassées qui éveilleront une introduction inquiétante, des notes bientôt en décalage pour accueillir une voix féminine tout aussi désincarnée que la voix masculine qui ouvrait. Le morceau partira nous ne savons où, mais qu’importe le trip sera mémorable. Que dire du chemin que va nous faire parcourir « Music Movement », chanson titre de l’album, et progression salutaire. Après une entrée difficile à admettre, le morceau entre dans un espace de dérégulation, la voix féminine casse la monotonie et rend le morceau aussi diabolique que des démos de « Mezzanine », ou comme une rencontre entre Visage et Goldfrapp. Si les influences sont diffuses, pour "Cinquecento" la ligne de basse est un passeport vers des amours qui ne nous quittent plus depuis la fin des années 70. Après certes cela se complique, nous serions plus chez un Ace of Base Italien que chez un Joy Division venant de se goinfrer de panettone. Il n’en reste pas moins que la sauce prend, même si comme une sauce au pesto trop chargée elle finira par nous rester sur l’estomac. Le traitement quasi robotique de « A Simple Trick… » nous propose un rêve sous une couette en matière synthétique et plastique. Si « Decazeville » est l’entorse à la démarche impeccable de cette première partie (morceau à nous donner des envies d’exil politique en Arabie Saoudite), « La Tour Des Anglais » est un must de simplicité, un morceau qui sait ce faire aimer dés ses premières écoutes sans jamais que la côte ne baisse. Un trip qui n’est pas sans nous rappeler les premiers Gus Gus. C’est à partir de là que le groupe nous laisse tomber pour cuisiner une musique médievalo – balkano – bizarro – électro, oubliant de revenir d’une séance d’écriture automatique trop longue. « Questions In A World Of Blue » sauvera cette fictive face B, que nous retournerons pour y trouver cette partie inspirée. Pour finir sur une note ultra positive, je vais vous conseiller le EP de Mayanob, la première partie de « Music Movement », en vous conseillant même de le découvrir absolument.