La génétique a fait de tels progrès ces dernières années, que même après votre mort nous pouvons vous affubler d’un rejeton qui aurait déjà une bonne trentaine d’années et qui pour le coup réclamerait lui aussi sa part d’héritage. Imaginez la tête de Desproges en haut si demain il s’avérait que Manu Payet était son fils, je doute qu’il goûte avec délectation la possibilité d’avoir, un soir d’égarement enfanté ce comique aussi drôle qu’un André Lamy dans un grand soir. Il est alors plus classe de demander du vivant du possible géniteur, sauf quand celui ci à la charisme de Copé derrière un clavier.
Pour Sunday Sunday !! c’est le champ douloureux des musiciens morts que les gênes sont à chercher. Car sans le vouloir ce « The Death Of Johnny H » pourrait être un sublime hommage à Mark Linkous et à son Sparklehorse, groupe que l’histoire de la musique pourra mettre en illustration sur la couverture d’un volume des belles histoires malheureuses.
Au grés de ces treize chansons, Sunday Sunday !! nous embarque dans un univers où la mélancolie côtoie la tristesse sans jamais nous donner envie d’aller voir ailleurs, car l’écriture de Gilles Mallet a une finesse telle que nous sommes au plus prêt d’elle, comme si ces textes et ses musiques résonnaient en chacun de nous. Alors il y a cet héritage, savamment absorbé, même si de ça et là tellement lourd à porter qu’il remet celui ci totalement en avant quitte à en reprendre tous les gimmicks même les plus parlants (A Radiolise in My Acid Stomac). Mais jamais tout au long de ces treize titres nous nous sentirons à l’étroit avec l’envie l’aller voir ailleurs, les mélodies entêtantes, les arrangements doux amer (le très beau « The Bank ») nous plongent parfois dans une infinie tristesse que « I Know I Am a Lake » nous plongera comme rarement, un titre frisant la perfection dans ce qu’elle a de plus grande, quand elle côtoie la grâce et l’éternité.
« The Death Of Johnny H . » est un disque rare, un disque génétiquement reconnaissable mais qui saura éviter de marcher totalement dans les pas d’un tuteur magnifique. Si Mark Linkous était encore de ce monde il regarderait une partie de sa progéniture avec des regards différents, il est fort à parier que pour Sunday Sunday !! aurait les yeux de l’amour. Merci d’exister.