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Qui, en France, connait The Kiara Elles ? Originaire de Leeds, ce groupe n’a jamais gravi les frontières de nos contrées. La faute à un mauvais manager, à une absence révoltante de soutiens critiques, à la poisse tout simplement…

Pourtant, les Kiara Elles avaient de quoi soulever les montagnes : une chanteuse affriolante, mélange plutôt renversant entre Siouxsie et un Morrissey au féminin (Chiara Lucchini), un guitariste monstrueusement virtuose (donc modeste) répondant au nom superstar de Jonny Lee Hart ; des bombinettes pop-punk comme on aurait aimé qu’Elastica en écrive en lieu et place du lamentable « The Menace ». Oui, c’est peut-être ça : The Kiara Elles écrivaient, il y a tout juste trois ans, les chansons qu’une Justine Frischmann sous dope ne pouvait même plus concevoir. Avec un hit absolu à l’arrivée, une chanson monstre, le genre de truc qui oblige à partir en croisade : « Odio », un feu sacré qui, par absence de communication, ne dépassa jamais le cercle des intimes. Conséquence à en maudire le manager du groupe : les Kiara Elles, après un Ep vinyle tiré à 500 exemplaires et un sacré grand disque à la pochette enrobée de fourrure (« Slide Over »), se sépara dans une indifférence unanime (sauf pour les fans qui, auprès de Jonny Lee Hart et de ses messages enjoués, attendaient patiemment une suite à cette histoire).

Aujourd’hui, il y a enfin du neuf…

Pendant qu’une ancienne partie des Kiara Elles vient de publier, sous le nom Climbing Boys, trois titres assez attachants sur soundcloud (https://soundcloud.com/climbingboys), Jonny Lee Hart, au fond la tête pensante des Kiara (avec la belle Chiara, malheureusement ici aux abonnées absentes), donne dans le sérieux : The World Service, nouveau groupe et la sensation, pour nous, de repartir en une croisade (peut-être vaine) afin de divulguer cette musique sur toutes les ondes. Pourtant, il ne s’agit que d’un trois titres (dispo là : http://theworldservice.bandcamp.com/) ; trois titres certes, mais depuis combien de temps n’avions-nous pas fait tourné en boucle, jusqu’à la déraison, un simple download offert avec l’achat du cd ?

Sans doute car The Word Service, et donc la forte personnalité de Jonny Lee Hart, navigue dans une certaine tradition pop (pour aller vite, à chaud, on pense à la fragilité des Pastels, à l’urgence pop des Go-Betweens époque « Karen ») avec quelques discrètes rasades post-punk comme les affectionnaient les Kiara Elles. Sans doute car Jonny Lee Hart est l’un des très rares guitaristes des vingt dernières années à nous avoir touchés, en plein cœur, par un jeu subtil, foutrement diabolique mais, quoi qu’il arrive, au service des chansons. Sans doute également car un groupe, comme The World Service aujourd’hui, donnant à ses compositions des prénoms féminins (éternelle « Katherine », magnifique « Rosanna ») ne peut qu’être pris très au sérieux. Allez, n’offenser pas le monde : partez écouter The World Service…




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