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  • 5 juin 2013 /
    Fauve≠
    Live report Marché Gare de Lyon, le 29 mai 2013

    réalisée par Isa R

Une soirée prise d’assaut, complète en un rien de temps, et comme j’ai découvert leur spoken word brut et à fleur de peau 1 petit mois avant la date fatidique, j’ai bien failli ne pas pouvoir être de la partie, mais les coups de chance via Facebook aidant, j’ai pu récupérer une place revendue une semaine avant le concert.

Arrivée sur place, le premier constat est que la moyenne d’âge du public doit être de 22-23 ans, et que j’ai contribué à faire augmenter ladite moyenne d’âge.

Egalement un public très majoritairement constitué de jolies étudiantes très maquillées et ultra-féminines, attendant avec ferveur leurs nouveaux héros, ces jeunes hommes qui n’hésitent pas à mettre leur cœur et leurs tripes à nu en musique, et qui vont bientôt débouler sur la scène pour nous servir un flow fougueux, révolté, cinglant, cru, ultra-sensible et désabusé sur fond de guitare électrique, synthé, basse et batterie électronique.

Le logo ≠ est projeté sur de grands rideaux blancs, sur lesquels un vidéaste va faire défiler des images et des extraits de vidéo, qui ne m’ont pas particulièrement marquée tant le son happait toute mon attention. Le jeune chanteur dont on ignore le nom (Fauve étant un collectif à l’anonymat préservé coûte que coûte), visiblement pétri de trac, malaxe régulièrement l’épaule de son collègue guitariste lors de ses allées et venues sur la petite scène du Marché Gare, comme pour se donner du courage, « T’es là ? Alors ça va, c’est bon… », et danse frénétiquement et maladroitement. Ces cinq jeunes gars sont touchants, nerveux comme des débutants, ils semblent ne pas bien se rendre compte de ce qui leur arrive, et sont manifestement un peu dépassés par leur succès. Selon un article paru dans Le Monde en janvier 2013, ils auraient 27 ans et des « métiers à côté », de type avocat ou jeune cadre dynamique ; on peine à le croire tant ils ont l’air juvéniles et écorchés…

Mais soit, les jeunes fauves ont donc 27 ans. Dix ans de moins que moi, et c’est sans doute là qu’un certain décalage se produit dans des conditions live, du fait de l’âge du public, parfois je ne me suis pas sentie concernée, trop vieille pour ce genre de paroles (en effet, je n’ai jamais appelé mes amis « mec, meuf, bâtard, baltringue, bitch, gouinasse, connard »…), et sur ce point je rejoins l’opinion de Gérald de Oliveira dans sa chronique de l’EP « Blizzard ». Sur disque je n’ai pas tant eu ce sentiment d’inadéquation, mais le soir du concert je n’ai pas eu envie de reprendre en choeur certains refrains comme les 90% de leur (très) jeune public, même si la plupart des titres me touchent en plein cœur lorsque je les écoute tranquillement à la maison, dans le métro ou le train, car certains messages naïfs, frais, adolescents et idéalistes peuvent redonner une sève que la vie a parfois asséchée avec ses blessures.

Leur set fut un peu frustrant, une petite heure seulement, quelques pains (qu’on leur pardonne facilement, ils s’amélioreront sûrement), et là où ils auraient pu choisir d’interpréter leur fameuse version longue (8min28 !) de Blizzard disponible sur le net, ils ont préféré la version rabougrie de 4 minutes de l’EP, et alors que le public réclamait à corps et -surtout- à cris un 2ème rappel à seulement 23h, les jeunes tigres ne sont point revenus…

Donnons-leur rendez-vous dans quelques mois, quelques années, s’ils sont encore présents musicalement, gageons qu’ils auront plus d’une rayure à leur pelage.