The Veils est sûrement l’un des groupes actuellement les plus sous-estimés de la scène pop-rock mondiale… Originaires de Nouvelle-Zélande, cette formation sévit pourtant depuis déjà pas mal d’années, certes un peu en hors-piste, face aux grosses machines à tubes qui envahissent les charts mais toujours avec la même émotion et une énergie renversante…
L’univers de ce groupe hors norme est étrange et parfois déroutant, à l’image de son leader : Finn Andrews, personnage assez noir, voire inquiétant et pourtant tellement attachant ; comme un sombre troubadour au cœur brisé … The Veils, c’est une voix singulière, éraillée, déchirée, comme semblant s’élever au milieu d’une tristesse infinie et pesante ; une facette tragique avec laquelle le dramaturge n’a pas fini de jouer en live, comme pour mieux presser la corde sensible et renverser son public, mêlant la douleur d’un timbre de voix usé, avec ses cris délicieusement plaintifs. Il est certain que cet homme a un charisme de dingue ; et je ne saurais plus que jamais vous conseiller de sauter sur la première occasion s’offrant à vous pour aller voir cette formation en concert. J’en ai fait moi-même l’expérience lors de leur dernier passage dans la capitale, et ce concert est sans conteste l’une de mes meilleures claques musicales de 2013.
Mais, parlons un peu de cet album : avec ce titre Time Stays, We Go, ainsi que cette pochette représentant une maison en feu, nous comprenons bien vite que le groupe ne va pas encore faire dans la chanson légère et les rythmes ensoleillés et dansants… En même temps, tant mieux car l’on préfère largement voir la bande d’Andrews dans ce qu’elle sait faire le mieux, à savoir émouvoir, bouleverser et transporter… Ne vous y trompez pas à l’écoute du premier titre plutôt entrainant, seule véritable parenthèse de ce style, qui soit dit en passant est assez réussie, au milieu de cet océan de peine et de solitude. Après, l’album ne contient que des chefs-d’œuvre, -non je n’ai pas peur d’utiliser le mot-, aux rythmes saccadés et à l’élaboration musicale digne des plus grands (Nick Cave, Jeff Buckley ou encore Tom Waits). Parfois même je me surprends à me représenter un homme solitaire suivant un chemin initiatique au coeur d’un champ de ruine, un no man’s land à la fois apocalyptique et reposant, car certaines de ces histoires si bien contées semblent former, mises bout-à-bout, une splendide bande originale de film au scénario aussi pesant que perturbant. Le côté cinématographique hyper-développé de cette musique révèle pour moi la qualité du travail d’écriture et du son réalisé par le groupe, donnant une profondeur supplémentaire au résultat final qui n’en est que plus époustouflant.
En somme, le tout sonne définitivement vrai et efficace : des guitares souvent torturées et cette voix s’élevant dans la nuit, créant une succession de rengaines entêtantes et prenantes qui à coup sûr ne vous lâcheront pas de sitôt…
Avec cet album riche en émotion, je ne vous promets pas le soleil, simplement une lueur d’espoir dans la nuit…