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Le duo parisien Noise Generator a certainement trainé ses guêtres sur les bancs lycéens en s’infusant l’éclectisme musical des époques. Mais tel un buvard, Kshoo et Laurent Noise ont littéralement aspiré tous les styles musicaux leur tombant sous la main. Car si la pochette et le titre de leur premier EP (« No Rest For The Unseen ») semblent louer allégeance à la cause metal (sans même évoquer l’évidence heavy d’un titre tel que « Spit Venom »), cette dernière constituerait moins une finalité qu’un point de départ. Laurent : « Nous n’avons pas vraiment de règles. L’idée est de garder des beats électro et des guitares saturées. Après ça, tout reste ouvert… ». D’où l’alchimie des possibles : dub, techno, hip-hop, indus, punk… Noise Generator ne choisit pas mais empile, déstructure, assemble ou démonte. Pas un hasard si Kshoo (le vétéran du duo, il est né en 64) cite, en guise de premiers émois musicaux, aussi bien « Never Mind The Bollocks » des Pistols, « It’s Alive » des Ramones que « Natty Dread » de Bob Marley : cette musique, qui se revendique de l’héritage punk, ne connait pas le sens du mot insoumission. En revanche, on se hasardera à parler d’union entre les deux équilibristes. Laurent : « Noise Generator a commencé en ressortant des vieilles maquettes faites sur ordi. Kshoo a posé des voix dessus et on a décidé de continuer et de composer ». Kshoo insiste sur l’évidente complicité de la paire : « J’avais arrêté la zik en 2005 (ndlr : Kshoo a joué au sein de Dirty District, Boost et Noxious Enjoyement). Quand j’ai écouté les sons de Laurent, je me suis dit direct qu’il y aurait moyen que je case des voix dessus. Et humainement, cela colle super bien aussi, ce qui est important. On bosse tranquillement, on ne tape pas des heures de répète, voilà, parfait. Simple et efficace ».

Le hardcore, omniprésent sur les quatre titres de cet EP (Laurent se revendique de Metallica et Nirvana), ressemble ainsi à un encrage permettant toutes les dérives imaginables. Souvent, l’auditeur pense à un croisement monstrueux entre les Pixies déchaînés de « Trompe Le Monde » et le Public Image de « Annalisa ». Le romantique mélomane continuant d’aveuglément acheter chaque nouvelle sortie de Morrissey se sentira froisser dans son amour propre ; les autres (dont nous faisons partie) salueront le melting-pot sonore, les nombreuses audaces, les maladresses également, de ce « No Rest For The Unseen » qui, à force de tout empiler, parvient à définir une route finalement très cohérente car spontanée, naturelle, sans calcul…

La suite ? « Un premier album de prévu. Il est même bien avancé » dixit Laurent. Et comment le groupe gère-t-il en concert la profusion sonore de leurs compositions ? Kshoo : « Ultra simplement : on ne fait pas de concerts ! ! Pas pour le moment en tout cas, mais cela ne veut pas dire que l’on n’en fera jamais ». Peu loquaces, Laurent et Kshoo n’ont finalement guère besoin de plaquer un quelconque discours sur leur musique : celle de Noise Generator, pour qui voudra bien l’apprivoiser, contient déjà toutes les réponses aux questions que l’auditeur pourrait éventuellement se poser à propos. Pas la peine en effet de se perdre en explications forcées à partir du moment où l’on compose des chansons aussi instinctives et intègres que celles proposées par ce duo n’appartenant à aucune génération … Refrain connu : en attendant la suite.




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