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  • 7 décembre 2013 /
    Bigott
    “Blue Jeans” (Bigott)

    rédigé par gdo
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Je vous parle du plus lointain de mes rêves, en pleine foret amazonienne. C’est ainsi que Bigott pourrait nous parler de retour à Saragosse avec dans ses valises un disque supposé enregistré dans la jungle Trancoso, avec une méthode Old school, ce dont nous pourrions douter, la jungle n’étant par réputé pour la qualité de son accueil, et encore moins pour les structures d’enregistrement. Alors soit pour la beauté du truc croyons Bigott et plongeons dans cette histoire acabrantesque, ou ouvrons une commission parlementaire pour mensonge fait à la république musicale indépendante et de bon gout.

Pour moi la première solution sera la meilleure, la plus simple car elle nous permet de jouir de ce disque sans se poser une seule question sauf celle de savoir comment il est possible de faire rentrer autant d’idées en un seul disque. Car « blue Jeans » est à l’image de sa pochette (énorme collage très sixties) un disque aux directions et aux images différentes. Les souvenirs des bruits, des mélodies, des sons font revenir à notre mémoire des souvenirs par millier.

« I got a Dengue » qui en dit long sur l’état de notre homme nous plonge dans cette jungle, les animaux comme compagnons, et des chœurs à la senteur épicés. Avec « Find a Romance » Bigott propose une folk song dynamique qu’il chanterait dans une décapotable traversant un décors peuplé d’automates que nous croisons normalement dans les attractions pour les petits. Avec « Troupe Of Royal » Bigott a laissé les commandes aux femmes, lui semblant prendre la poudre d’escampette après un casse dans une banque locale. « King Of Demo » nous ramene à la musique dans années 60, 70, ces grands tubes ravagés par les éléphants bleus ou roses, par l’écho du son, et par le désabusement sublimé. « Oh Yeah » est probablement ce qui caractérise le mieux Bigott, chanson barré dans laquelle il se dit prêt à prendre un astronef pour faire la peau des martiens, pour peu que fuck ne soit pas à prendre au premier degrés. Ce morceau est une orgie sonique, une escapade aux quatre coins de l’univers ou de la terre, comme une parade pour partager le bonheur d’être là.

Avec « The Reno Poem » c’est un virage étonnant, car c’est Nick Drake et Leonard Cohen qui seraient convoqués dans le cerveau foutraque de notre espagnol. « The Reno Poem » est un titre que l’on écoute en boucle pour ne jamais oublier que derrière la folie se cache peut être ce qu’il y a de plus beau. On ronflera donc doublement sur « Playboys Theme » avant de se réveiller avec « Mouse Mousse » titre qu’Arcade Fire aurait probablement écrit sans déplaisir pendant la première partie de sa discographie.

La folie revient avec « Female Eunuque » qui semble rendre un hommage à l’homme à la tête de chou, un titre à danser et à siffler jusqu’au bout de la nuit. « Metropolitain Moog » est plus chaloupé, plus prêt du corps, plus prêt du micro, mais qui est toujours proche de la gesticulation primaire, mais Bigott reste dans une musique easy brasiliano listening, lui épaississant avec sa voix de (café) stentor. « Blue Jeans » pourra clore ce drôle de disque, enregistré donc dans la jungle par des animaux étranges, dont le maitre est Bigott qui peut se transformer en Sufjan Stevens hispanique pour peu que vous lui laissez le loisir de se montrer tel qu’il est, érudit, talentueux et fantasque.

Un mensonge magnifique.




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