> Interviews



Nouvelle proposition de chronique chez ADA avec la retranscription des interviews que je vous propose dans ce nouveau rendez-vous qu’est le Cabinet des Curiosités à écouter sur le site de Radio U ou sur le 101.1 à Brest et toujours en streaming ici et bientôt en podcast. Pour inaugurer cette chronique qui portera le doux nom de dessous du cabinet, j’ai proposé au collectif d’Angers, A Singer Must Die d’ouvrir le bal pour une interview fleuve...

Nouvelle proposition de chronique chez ADA avec la retranscription des interviews que je vous propose dans ce nouveau rendez-vous qu’est le Cabinet des Curiosités à écouter sur le site de Radio U ou sur le 101.1 à Brest et toujours en streaming ici et bientôt en podcast. Pour inaugurer cette chronique qui portera le doux nom de dessous du cabinet, j’ai proposé au collectif d’Angers, A Singer Must Die d’ouvrir le bal pour une interview fleuve...

© Jérôme Sevrette

Greg Bod > "Je suis désolé de souiller l’ambiance avec mes chansons" ricane Leonard Cohen sur la chanson "A Singer Must Die"...

(Manuel Ferrer) Quand on nous a proposé ce titre pour notre nom de groupe, ça m’a tout de suite plu, cela m’évoquait tout un tas de choses et il y avait plusieurs sens possibles, « un chanteur doit mourir » ou « se doit de mourir », j’imaginais une devise à la Johnny Cash en haut d’une colline qui dirait ça de manière définitive. Mais je sais que Leonard Cohen a écrit cette chanson contre la censure qui devenait de plus en plus importante aux Etats-Unis dans les années 70. Il y a également un fond d’ironie, de la provocation mais dans son sens premier, pas pour faire parler de soi mais pour déclencher la parole de l’autre. « A singer must die for the lie in his voice », c’est surtout une épreuve de vérité constante, si un chanteur se planque, doit arrondir les angles et ne peut pas être vrai, autant plier bagage.


Greg Bod > Manuel, tu pourrais nous présenter les membres du groupe :

(Manuel Bichon) On est 6 dans le groupe, avec Manuel Ferrer au chant/composition/écriture des textes, Emilie Buttazzoni au vibraphone/Claviers, Romy Marx à la guitare, Olivier Bucquet à la basse/claviers/sax et aux chœurs, Régis Martel à la batterie et moi-même à la guitare/chœurs/composition/arrangements.

(Manuel Ferrer)…et tu t’es mis au trombone tout récemment !



Greg Bod > "Faire de la musique, c’est sans doute le meilleur moyen que je connaisse de se rapprocher progressivement de soi" nous dit Manuel Ferrer, fondateur du collectif A Singer Must Die

(Manuel Ferrer) Je pense au parcours de grandes références que l’on vient de citer comme Johnny Cash, Leonard Cohen ou en France Alain Bashung qui, progressivement, même s’ils ont écrit des chansons magnifiques dès leurs débuts, arrivent à une certaine épaisseur, une densité, une profondeur, même si pour Johnny Cash il s’agissait de reprises sur ses derniers albums. Par le biais de leurs voix, on retrouve toutes les émotions qui les ont traversées durant leur vie et je trouve ça fabuleux. Plutôt que de parler de maturité, c’est une multitude de points ultimes qui font qu’on finit bien par arriver à toucher quelque chose qui est en phase avec soi. Et se rapprocher de soi, ça ne veut pas dire uniquement parler de soi. Une partie de nos chansons racontent des histoires et mettent en scène des personnages...j’en prends soin comme s’il s’agissait de figurines. Je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure qu’un texte avançait, je me prenais très vite d’affection pour chacun d’eux. Dès qu’on a ne serait-ce qu’un début d’empathie pour quelqu’un, c’est déjà un peu de soi dont il s’agit.

Greg Bod > "Beaucoup de musiciens déclarent fuir leurs influences et essaient de s’en extraire pour pouvoir composer leurs chansons, ce que je n’ai jamais cherché à faire. Au contraire, j’ai plutôt l’impression de faire s’entrechoquer mes modèles, sans que cela ne soit toujours conscient d’ailleurs et de les aborder de manière frontale pour tenter d’en sortir quelque chose de personnel." Finalement le processus créatif chez A Singer Must Die, c’est un peu un jeu d’aller-retour entre le soi profond et les autres, non ?

(Manuel Ferrer) Si on fait de la musique, si un jour on se met à avoir l’envie de chanter, de prendre une guitare, c’est un acte d’admiration avant tout. On fait de la musique parce qu’on a écouté des disques qui nous ont donné envie un jour de faire de la musique. Je me souviens vers 18 ou 20 ans de ma passion pour Picasso qui avait dit quelque chose comme : « Imitez et un beau jour vous finirez par commettre une petite erreur, et cette petite erreur ce sera vous ». Ça m’a longtemps poursuivi, j’ai l’impression qu’au début on se construit, on se nourrit de tout un tas de choses et on fini par commettre, j’espère, une multitude de petites erreurs qui font qu’au final on arrive vers soi.

(Manuel Bichon) Ce qui me plaît, c’est d’apercevoir qu’on nous donne des influences que je ne connais pas et j’ai la curiosité d’aller voir afin de m’apercevoir quelle écoute les gens ont de notre musique, et c’est quelque chose de magnifique parce qu’on se découvre aussi nous-mêmes à travers ce qu’on nous dit. Le processus de création se fait essentiellement à deux avec Manu, et pour accoucher de nouvelles idées, l’interaction qu’on peut avoir ensemble est primordiale. Généralement j’arrive déjà avec une trame, une idée de riff et on essaie ensemble de la développer. C’est un processus assez commun dans la vie d’un groupe, notre particularité vient peut-être de l’étape qui suit. Quand on pense tenir un morceau, vient alors le temps de l’isolement pour chacun. La plupart du temps, je suis le premier à le faire, je m’enferme dans mon studio, dans ma bulle, je suis dans une phase d’épanouissement intense et de surexcitation même, je suis capable de sauter au plafond dès que je sens la bonne idée germer, plus rien d’autre n’existe que le morceau, et le temps s’arrête, figé jusqu’à l’aboutissement. Ça peut être assez rapide ou très laborieux…Manu écoute et me guide, il sait que je n’abandonne jamais car je dois assouvir ce besoin d’émouvoir le premier auditeur qu’il est. Manu a également cette même façon de s’isoler pour écrire les textes ou façonner une mélodie de chant mais contrairement à la bulle qu’est la mienne, il a besoin de capter la vie autour de lui et de s’en nourrir, ses sentiments deviennent exacerbés, il entre alors dans une phase ou c’est son hyper sensibilité qui est sa force de création. Ce qu’il y a de plus beau et de plus touchant chez lui, c’est à la fois cette fragilité assumée et cette immense force de pousser les sentiments jusqu’à leur zénith. C’est intéressant de voir comment notre fonctionnement se retrouve dans nos morceaux car la plupart des personnes parlent de sensations opposées, de mélancolie joyeuse, de lumière sourde à l’écoute de notre musique.


© Jérôme Sevrette

Greg Bod > Nous allons revenir un peu sur l’histoire du groupe...

(Manuel Ferrer) On a commencé en 2005 à partir d’un duo avec Philippe Le Guern pour élaborer l’album « Today it’s a wonderful day » qui est sorti sur un label indé écossais qui s’appelle Grand Harmonium Records, dans lequel on pouvait retrouver Steve Adey et Royal Edinburgh Music. Cet album sort en 2007, une série de concerts en Angleterre, avec la découverte du public anglais, de leur réaction et de la manière dont on était perçu là bas ; c’est toujours intéressant puisque on chassait un peu sur leur terrain. Sur place, à ma petite échelle, je constatais aussi une évidence, très basique : si on aime profondément l’Angleterre et si on aime profondément les anglais, ils vous le rendent au centuple.


Greg Bod > Manuel Ferrer, tu vis à l’époque en Angleterre plus précisément à Newcastle.

(Manuel Ferrer) Vécu, c’est beaucoup dire, on y a passé plusieurs semaine pour s’imprégner de l’air ambiant, il y a des chansons qui ont été écrites là-bas d’ailleurs, Croydon Road qui était en lien avec Newcastle, une ville très particulière, j’y ai trouvé une résonance dans tout ce que j’aime de l’Angleterre même si elle n’est pas caractéristique d’une ville anglaise, il y a une dureté qu’on ressent, c’est une ville prolétaire, rongée par le chômage et à côté de ça, ce qui m’a beaucoup troublé aussi, il y a un certain nombre de musiciens, de groupes qui font une musique d’une extrême douceur, je pense à Prefab Sprout, Lanterns of the lake ex-Greenspace à l’époque), Minotaurs, Soundtracks for a B-Movie...ces rencontres avec des musiciens qui avaient cette poésie, cette douceur dans un environnement finalement assez rude. Je connaissais ce paradoxe bien sûr, mais c’était abstrait. C’est autre chose que de le vivre sur place. Ce qu’on aime aussi dans la musique anglaise, c’est cette impression qu’ils chantent « épée à la main » et qu’ils partent de manière conquérante avec l’envie d’en découdre avec le monde, c’est très touchant.

JERÔME SEVRETTE

Greg Bod > Peux-tu te présenter, nous dire ce que tu fais, et présenter ton rapport avec A Singer Must Die ?

(Jerome Sevrette) > Je suis photographe, portraitiste, concepteur visuel pour différents groupes de rock et d’artistes, dont A Singer Must Die. Je suis aussi à l’initiative d’un ouvrage paru en mars dernier aux Editions de Juillet, qui s’appelle Terres Neuves, à l’occasion duquel j’ai fait intervenir une trentaine d’artistes, dont A Singer Must Die – encore eux !

Greg Bod >Parmi ces artistes, il y avait And Also The Trees, Pascale Le Berre de feu-Marc Seberg...tu pourrais nous citer quelques autres groupes ?

(Jerome Sevrette) >Je ne les ai pas tous en tête car il y en a beaucoup : Olivier Mellano, Richard Pinhas, le groupe parisien Aswefall, dont New London fait partie - c’est aussi le guitariste de Tristesse Contemporaine, que certains connaissent,...il y a donc pas mal de personalités sur ce projet, et c’est au final un beau où il y a à voir, à lire et à écouter.

Greg Bod >Je pense qu’on reviendra dans une émission prochaine sur le projet Terres Neuves qui devrait voir une suite en octobre, c’est bien ça ?

(Jerome Sevrette) > Oui, c’est le scoop pour l’émission, cette annonce de la suite de Terres Neuves pour octobre en effet, toujours aux Editions de juillet avec la collaboration du label Str8line Records, de nouvelles photos et bien sûr, de nouvelles compositions musicales originales, concues spécialement pour l’ouvrage.

Greg Bod >Comment as-tu rencontré A Singer Must Die ?

(Jerome Sevrette) > Ca remonte à 3 ans je crois, à l’époque je les suivais sur Myspace, je suivais leur activité parce que je m’intéressais vraiment à leur musique, à leur style, à l’ambiance que leur musique dégageait, et un jour j’ai reçu un coup de fil de Manuel Ferrer, le chanteur du groupe, qui me proposait que je leur fasse des photos. Et c’est fou parce que j’avais dans le même temps cette même idée de les contacter pour leur proposer de composer un titre pour Terres Neuves !

Greg Bod > Les grands esprits se rencontrent...

(Jerome Sevrette) > Cest exactement ça, je lui ai dit "c’est dingue, tu m’appelles alors que je voulais justement t’appeler !" Notre collaboration est vraiment partie de ce coup de fil complètement surréaliste. Après, de nombreux shootings ont suivi, des photos de concerts que j’ai faites à l’occasion de leurs différents live, je les ai poursuivis jursqu’à cette année au Grand Théâtre d’Angers, où ils m’ont invité à faire des photos pour faire le photos-report de cet événement. C’était vraiment un grand moment parce que le lieu, la scène, le groupe en live, c’était absolument génial. En tant que photographe, c’était un honneur pour moi de pouvoir participer, à ma modeste échelle, à cet événement. C’était super bien.

Greg Bod >Tu es aussi l’auteur de la pochette de leur album "Venus Parade"

(Jerome Sevrette) > Oui, j’ai réalisé la pochette. Au départ, Manuel m’avait demandé des photos un peu dans l’esprit des pochettes de disques de Belle & Sebastian, du noir et blanc un peu coloré, et au final on est arrivé à cette couleur très chaude, rougeoyante, qu s’est avérée être la couleur de la planète Venus, c’est un hasard total, une vraie coïncidence colorimétrique...du coup, ça forme un ensemble bien complet, avec une belle pochette je pense, et un titre qu est plein d’inspiration finalement.

Greg Bod >Si tu devais qualifier la musique d’A Singer Must Die, en un mot, quel serait-il ?

(Jerome Sevrette) > C’est très classieux. Il y a un côté anglais, dandy...c’est vraiment de l’orfèvrerie musicale. C’est le mot qui m’est venu lorsque je les ai vus au Grand Théâtre d’Angers. C’est un groupe carré, précis, c’est rare de voir une telle qualité de musique qui soit vraiment aussi impeccable sur ambum qu’en live. On peut être déçu parfois en live par un groupe dont on l’a l’impression qu’il répète pour la Fête de la Musique. Concernant A Singer Must Die, on a vraiment une continuité de la qualité de l’album sur la scène. Précis, classieux, ce sont vraiment les mots qui me viennent à l’esprit.

Greg Bod > Connaissais-tu leur premier album ou les as-tu découverts avec leur deuxième projet ?

(Jerome Sevrette) > Je connaissais des morceaux du premier album qui étaient sur Myspace et leurs clips qui circulaient sur Youtube...mais forcément, j’ai plus écouté les morceaux les plus récents puisque j’ai été mis à contribution pour la pochette et les photos, je suis l’activité du groupe depuis pas mal de temps et je vais continuer à lac suivre à l’avenir, c’est évident.

Greg Bod > J’aimerais revenir avec vous sur l’interview de Jérôme Sevrette

(Manuel Ferrer) Tout d’abord merci à lui pour ces mots, il est toujours présent et bien au-delà de son travail photographique. Je trouvais ses photos d’une extrême douceur et d’une densité incroyable et j’avais envie qu’il fasse des choses pour nous. Le projet Terres Neuves est vraiment symbolique car il est lié à la reconstruction du groupe en 2011. On s’appelait régulièrement et je lui demandais où il en était, il me répondait : « écoute, je n’ai pas encore reçu tous les titres des participants sur Terres Neuves », il y en avait tout de même une trentaine, et au fond de moi j’étais assez soulagé car je n’avais pas encore de morceau à lui soumettre (rires). « The Armless Sailor » fut le premier titre en chantier, composé ensemble avec ce nouveau groupe. Il en parlerait mieux que nous mais les gens n’ont pu voir que la face émergée de l’iceberg Terres Neuves. C’est une véritable épopée...en souterrain, Jérôme a travaillé avec une ténacité remarquable pour faire exister cet objet-là. Il est allé jusqu’au bout des choses dans une époque qui ne laisse pas vraiment de place à des projets artistiques qui sortent de la norme. A notre tour, qu’il sache que nous sommes très honorés de travailler régulièrement avec lui. Il est plutôt rare que la qualité d’un travail photographique soit immédiatement identifiable par son auteur, son esthétique a une vraie empreinte, une vision. Dans sa catégorie, c’est objectivement l’un des tous meilleurs photographes de France. Jérôme est un vrai généreux, son idée initiale avec Terres Neuves était celle de provoquer des rencontres artistiques, de faire exister le projet sur scène, et des liens se sont créés...En tous points de vue, c’est une réussite, et un acte magnifique de pureté et de résistance, à l’artifice notamment.


Greg Bod > Six ans séparent les deux albums... Manuel, tu as pensé à arrêter la musique ou tu n’as jamais cessé de composer ?

(Manuel Ferrer) Je n’ai jamais cessé, en 2008 je continuais d’écrire des chansons, je suis reparti sur les décombres de ce 1er album et il me fallait absolument repartir sur autre chose. J’ai essayé de composer des chansons en solo, ça n’a pas duré bien longtemps, et tant mieux...en fait, pour faire les chansons que j’avais en tête, je n’avais pas le manuel (rires). C’est l’époque aussi où les textes en français s’accumulent, dont un que j’envoie pour le chanteur Christophe, il n’y aura hélas pas eu de suite... Je rencontre en 2008 le compositeur Tomasz Jankowsky. J’étais parti sur des thématiques qui tournaient autour de Las Vegas, des descriptions de rapports humains un peu décadents, gouvernés par l’argent. Il y a eu des morceaux qui sont apparus, pas d’album malheureusement qui souligne cette période avec Tomasz, mais des titres qui ont circulé comme « God Elvis » par exemple. Le 1er album n’ayant pas été distribué en France mais seulement en Angleterre, beaucoup de gens nous ont connu par le biais du clip de « God Elvis » qui tournait sur le web et ce fut le point de départ de beaucoup de personnes comme Jérôme Sevrette. Tomasz avait un univers fort et une sensibilité très singulière. Malgré son jeune âge, il était sensible au fait que la pop, le rock, portaient une histoire. Il savait que le rock n’était pas né avec Franz Ferdinand, aussi bon groupe soit-il, ce n’est pas le problème...Le départ de Tomasz à l’étranger sur une longue période a mis fin à notre collaboration.

Greg Bod > En 2011, tu rencontres Manuel Bichon et tu relances le projet A Singer Must Die et tu dis d’ailleurs que la principale influence de ce nouvel album, "Venus Parade", c’est surtout Manuel Bichon

(Manuel Ferrer) Il a infléchi, je dirais même qu’il a contrarié mon penchant pessimiste. Je ne suis pas du tout instrumentiste et je suis totalement lié à une rencontre musicale et au fait qu’une chanson puisse exister seulement dans une émulation à deux. Quand tu entends des accords aussi ouverts, aussi apaisants et aérés d’une chanson comme « Still Worlds », tu ne peux pas faire un texte pessimiste, ça interagit forcément. Ses musiques me donnent à réagir sur mes textes et également sur la mélodie de voix. C’est une renaissance. On ne dit jamais assez que les rencontres musicales ne se font pas en claquant des doigts.

SUTTIESLEA

(Suttieslea) > Je suis Suttieslea et je fais des clips, mais pas seulement pour faire des clips, je fais uniquement des clips sur des musiques que j’adore. J’ai découvert A Singer Must Die sur Myspace à l’époque, et je me souviens d’un son de cor anglais et d’une voix très particulière. Il s’est écoulé plusieurs semaines avant que je ne découvre "The Armless Sailor". Quand j’ai entendu cette chanson, je me suis dit "wow", je vois des ampoules qui clignotent partout, ça m’inspire tout de suite des images. Je leur ai proposé d’en faire un clip, je leur en ai fait beaucoup d’autres par la suite, jusqu’à leur dernière chanson "As if we could make unique things twice", une chanson vraiment stupéfiante. En effet, c’est une très grande chanson, et Nathalie Béasse a mis en scène leurs images. Je suis parti sur l’idée d’un vol aérien, d’un temps de voyage avec la notion du futur, cette histoire de zéro gravité. J’ai trouvé le résultat super et j’espère à l’avenir leur faire d’autres clips.

Greg Bod > Si je parle d’A Singer Must Die deuxième génération, 2.0, les mots qui me viennent à l’esprit sont ambitieux, collaboratif...

(Manuel Bichon) Collaboratif, évidemment, on fait aussi de la musique pour ça, faire des rencontres avec des personnes qui sont dans des milieux totalement différents et essayer de créer une émulation avec eux, c’est ce qui donne de belles choses comme le travail de Suttieslea et Nathalie Béasse sur le clip d’ « As if could make unique things twice ». Le côté ambitieux, j’ai découvert la musique d’A Singer Must Die à travers le titre de « God Elvis » qui m’a vraiment touché et en écoutant le 1er album, je me disais en tant que compositeur, whaou, l’ambition de cet univers, de cette musique, me met une pression positive et j’avais envie d’aller à la rencontre de cet univers, à la rencontre de Manuel et d’essayer d’apporter quelque chose et d’aller encore plus loin. Le côté ambitieux est aussi de tenter de faire de belles chansons et notre objectif est d’essayer de transmettre une émotion que le public puisse ressentir et qu’on puisse la partager.

(Manuel Ferrer) Faire des chansons, je trouve ça déjà ambitieux en soi...Je voudrais revenir sur la collaboration avec Suttieslea : on lui donne totalement carte blanche sur sa perception car on a envie d’être surpris aussi et c’est ce qui donne quelque chose d’excitant, lui perçoit la chanson, le texte, l’ambiance d’une certaine manière et à chaque fois j’ai été surpris, je trouve qu’il a fait des merveilles sur « As if we could make unique things twice » mais pas seulement ; à partir d’images d’archives comme le film de l’orphelin Oliver Twist de David Lean pour le clip « In a hovel », il l’a fait avec sa sensibilité, une profondeur et du sens, on est bien loin du simple collage d’images. Son travail me touche beaucoup, il est venu de Londres nous voir sur scène, à deux reprises...On apprend beaucoup à son contact, il possède à la fois l’excitation lorsqu’il s’agit d’un nouveau travail en commun, et une certaine forme de sagesse. « In a Hovel », c’est aussi la chanson où avant d’entrer en studio, je décidais d’entrer en contact avec Philippe Pascal, ex-chanteur/fondateur des groupes Marquis de Sade puis Marc Seberg. J’ai eu la chance inouïe d’avoir quelques échanges avec lui. Je lui ai proposé de participer à l’album, et c’est précisément cette chanson que j’imaginais en duo avec sa voix, ses chœurs. Malheureusement, les choses n’ont pas pu aller jusqu’au bout.

A propos d’ambition, je me souviens bien du premier échange que j’ai eu avec Manuel à l’époque ou je cherchais des musiciens. Il est apparu deux fois en fait, à l’époque j’avais déjà un guitariste dans le groupe et Manu m’envoie un mail en me demandant si ma recherche de guitariste était toujours d’actualité. Malheureusement non, la place venait d’être prise par Romy Marx, on se souhaite donc bonne chance dans nos démarches respectives et puis quelques mois plus tard, je lance une nouvelle annonce pour chercher un deuxième guitariste et devinez qui réapparaît ! (rires) Manuel me pose alors la question de savoir ce que j’attendais d’un deuxième guitariste ; la question à ne surtout pas me poser car je lui ai rédigé un mail interminable où je lui ai dit que je voulais une guitare ample, poétique, intimiste, saturée, claire, je voulais que ça sonne comme tout sauf une guitare, bref, tout et son contraire...et Manuel m’a répondu d’une manière laconique « Ok, ça me convient parfaitement. »

(Manuel Bichon) Ça me convenait surtout en tant que compositeur, pour un guitariste il y avait de quoi flipper, ça demandait d’autres sonorités, d’instruments mais en tant que compositeur c’était la porte ouverte à plein de choses et c’est d’ailleurs pour ça que « Venus Parade » est un album vraiment très orchestré et pas seulement lié à la guitare.

Greg Bod > Dans une interview que j’ai lue de vous, il y a ces mots "Faire une musique de résonances, d’échos, tout l’inverse d’une musique de déco. »

(Manuel Ferrer) C’est une formule, mais tout au long du processus de l’album on était très vigilant et je disais à Manuel de faire attention à certains sons qui pourraient être obsolètes dans 6 mois où même déjà un peu dépassés. C’est peut être ce qui donne un certain classicisme qu’on entend à l’écoute de notre musique. J’aime penser que la pop a une histoire, des sources, et donc des ressources. Il est possible de creuser une singularité dans tellement d’aspects en musique qu’on fuit clairement cette tendance à la tendance...On est particulièrement méfiants sur certaines formes de gratuité dans le choix des sons, des arrangements. On en revient presque à la chanson de Cohen, par extension : l’habillage d’une chanson n’est pas là pour camoufler des faiblesses de composition ou d’harmonies.


© Jérôme Sevrette

Greg Bod > "La Pop c’est du fantasme ?"

(Manuel Ferrer) On nous prête - et à raison - des influences anglo-saxonnes mais j’ai l’impression que ce qu’on fait n’est pas totalement anglais mais plutôt une représentation ou une image de l’Angleterre, vue de France. Telle qu’on se la représente en tout cas... Une Angleterre victorienne avec des carillons, des cloches, j’adore ça car ce sont des sons qui célèbrent nécessairement quelque chose, mais c’est une Angleterre qui existe dans notre imaginaire. C’est cette distance et l’image qu’on peut en avoir que je ressens finalement en écoutant notre musique.

(Manuel Bichon) : La conception de l’album s’est faite de façon totalement décomplexée et sans limite en termes d’arrangements, c’est aussi la raison pour laquelle on entend dans nos morceaux violons, cors, hautbois, flûtes piccolo, timbales, percussions, quasiment tout ce qu’un orchestre philharmonique peut contenir. J’aime ces sonorités différentes, légères ou puissantes, leurs contrastes, elles peuvent porter à leur paroxysme les émotions que nous voulons faire transparaître et accentuent le côté romantique, théâtral, sans doute singulier de notre musique. C’est bien beau tout ça, mais un orchestre philharmonique peut contenir de 80 à une centaine de musiciens (rires)...Je pense pourtant de plus en plus sérieusement à la perspective d’un concert événement ou pourquoi pas à l’élaboration d’un album avec un ensemble aussi important, c’est très excitant, et ça ne doit pas rester un fantasme, je me sens prêt à le faire !

GUILLAUME MAZEL

(Guillaume Mazel) : Je suis chroniqueur chez "A Découvrir Absolument", entre autres, je vis sur Madrid et je travaille dans une librairie, même si ma passion a toujours été la musique, depuis tout petit. A Singer Must Die, c’est un peu une histoire étrange. C’est une des premières chroniques que j’ai faites, et en fait, c’est peut-être jusqu’à maintenant celle qui m’a le plus marquée. En effet, j’ai senti comme un besoin d’écrire beaucoup plus, d’aller un peu plus loin dans l’écriture avec eux.

Greg Bod > Tu as une écriture très poétique dans tes chroniques et particulièrement du côté de A Singer Must Die : en plus plus de faire une chronique, tu as chroniqué l’ensemble des textes de l’album. Finalement, tu as fait un travail de création autour des textes de l’album...

(Guillaume Mazel) : Oui, et c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup chez A Singer Must Die, c’est que les musiques se voient. Ce sont des petites oeuvres de ciné que tu peux facilement mettre en paroles, j’ai cherché une histoire à travers ces chansons. Donc j’ai eu envie directement de faire des textes pour chaque chanson, un texte particulier.

Greg Bod > Comment qualifierais-tu leur musique ?

(Guillaume Mazel) : Je trouve qu’elle est lumineuse, faite de plein de petites lumières qui sont à la fois tristes, chaudes et élégantes.

Greg Bod > Tu ne les as jamais rencontrés réellement ?

(Guillaume Mazel) : Non, mais il faudra arranger ça rapidement je crois !

Greg Bod > J’ai eu vent que sur scène, c’était un groupe particulièrement brillant...Ce qui est étrange, c’est qu’on y entend une sorte de mélancolie sourde, mais jamais désespérée...un mélange de joie et de tristesse, un peu ce qui fait tout l’être humain. Je ne sais pas trop comment exprimer ce sentiment. Qu’en penses-tu de ton côté ?

(Guillaume Mazel) :Je trouve ça assez proche du spleen de Baudelaire, cette image d’une certaine tristesse mais en même temps, une beauté très agréable dans cette tristesse, c’est difficile à cerner en quelques mots...c’est une joie tranquille et en même temps, c’est une tristesse sourde, comme tu le dis.

Greg Bod > Je conseille aux lecteurs d’aller lire tes chroniques qui ont, elles aussi, cette particularité d’être très lumineuses et extrêmement poétiques.

(Guillaume Mazel) : Je te remercie, je crois que c’est une des meilleures découvertes de l’année.

© Jérôme Sevrette


Greg Bod > Si je vous dis Guillaume Mazel vous me répondez...

(Manuel Ferrer) Un ami !!!! Ça nous touche beaucoup de l’entendre, on a eu des échanges écrits jusqu’à présent, en fait c’est déjà noël pour nous Greg ! On est entré en contact avec Guillaume qui avait choisi de faire une chronique du disque. Il a commencé à me demander les textes de chacune des chansons et me dit qu’il me prépare quelque chose. Je me suis dit qu’il devait y avoir anguille sous roche ! C’était au début très vague et puis il m’envoie un jour tous ses textes. En fait il aurait pu seulement illustrer les chansons et ça aurait déjà été très bien mais c’était plus troublant que ça puisque j’avais l’impression, à la lecture de ces textes, qu’il avait été avec nous pendant le processus de l’album. Ça m’a bouleversé. Au-delà du fait que quelqu’un se penche à ce point sur notre cas, on ne s’y habitue jamais, il a compris et vu tout ce qu’on voulait dire dans cet album, dans ses moindres recoins, mais avec sa propre perception, ses émotions. C’est un véritable échange dans la mesure où les choses, les mots, les images ont circulé sans cesse, pour lui comme pour nous. Il y a une magnifique fulgurance dans son écriture, une mémoire qu’il sait faire résonner et une poésie sous haute sensibilité, merci à lui pour tous ces mots là.



Greg Bod > Si je vous dis Crowborough, vous me répondez... Demander à Ian Caple de produire et mixer l’album, c’était assez culotté non ? Que pensez-vous des mots de Ian Caple qui vous trouve assez unique sur la scène française ?

(Manuel Ferrer) Culotté, non...il y a surtout une bonne dose d’inconscience dans tout ça ! Ça s’est passé de manière très simple et décontractée, on avait loué une maison dans la campagne anglaise à deux pas du studio et tout s’est fait vraiment très simplement, on ne pouvait pas rêver mieux, vous arrivez dans le studio et c’est un peu comme à la maison, on a commencé à parler de vins français je crois, il nous offre un café et avanti ! On a partagé des moments passionnants avec Ian, hors-studio. Cet homme porte aussi une histoire à travers les disques superbes qu’il a enregistrés pour d’autres. Ceci étant dit, après plusieurs mois quasi autarciques passés sur l’élaboration de cet album, cette étape marquait aussi celle où les choses allaient être figées...c’était stupide mais je m’étais mis en tête qu’il fallait accepter cette fin, alors que ce n’était qu’un aboutissement. Ces raisons-là étaient vraiment extérieures à cet environnement, et Dieu sait si les conditions étaient idylliques, mais c’est aussi un passage à apprivoiser. J’ai dû entrer dans une trouille terrible car c’est là-bas que j’ai commencé à écrire « As if we could make unique things twice ». L’ambiance du texte était du coup très mélancolique, et disait que non, définitivement, c’est totalement utopique de le croire, c’est impossible ! Heureusement, au fur et à mesure, le texte s’est éclairci mais il reste dans cette ambivalence-là : ça finit par sous-entendre qu’on peut essayer de répéter les choses uniques, et qu’on va même le montrer. Merci à Ian, ça va au-delà du compliment, là...c’est d’autant plus gratifiant que c’est quelqu’un de très francophile, qui a l’habitude de travailler avec des artistes français, et qui a un œil très assidu sur la scène française. S’il y a quelque chose d’unique, ce sont toujours les rencontres qui le sont, et le fruit de cet album.



Greg Bod > Justement en France, y a t-il des artistes dont vous vous sentez proches ?

(Manuel Ferrer) Tu avais cité Les Innocents, c’était un superbe groupe pop dans les années 80, y compris ce qu’a fait JP Nataf par la suite en solo. Mais les années 60, ce sont pour nous Michel Polnareff, c’est magnifique ce qu’il a pu transmettre et cette transposition de la pop chantée en français, je pense à Holden aujourd’hui, fabuleux en termes d’arrangements, de textes, de douceur, de parfums.

(Manuel Bichon) Je pense aussi à Bertrand Belin, très bel univers, classe avec une voix magnifique. Ce sont des artistes qu’on aime écouter et avec lesquels on a des affinités.

(Manuel Ferrer) Parmi ceux en France qui ne chantent pas en français, j’ai découvert il y a quelques années un groupe qui s’appelle E-Grand, je pensais que c’était un groupe anglais et je fus très surpris d’apprendre qu’ils venaient de Lyon, ils ont une sensibilité pop dans laquelle on se retrouve, une perception à mon avis très proche de celle que l’on se fait, ils ont des chansons fabuleuses. A découvrir.Et puis en dehors de la France, ma grosse claque de ces dernières années, c’est le projet d’un canadien, Kramies, qui a su s’entourer sur son dernier Ep, Jason Lytle, rien de moins mais inviter quelqu’un de cette envergure, c’est souvent pour masquer une pauvreté d’inspiration... Ici ce n’est pas le cas, Lytle se met aux services de la musique de Kramies Windt dont je ne peux que vous conseiller le travail...

KRAMIES

Salut, ici Kramies qui vous parle depuis les montagnes enneigées du Colorado. La première fois que j’ai entendu A Singer Must Die, je me suis senti comme aspiré dans un paysage fait de pics et de canyons...Leur musique suscite tellement d’émotions. Pour moi, les paroles et la voix de Manuel sont si uniques que ça m’évoque presque une familiarité envoûtante, comme celle qu’on peut avoir avec un ami de longue date. J’ai dû rencontrer Manuel par le biais de Myspace en 2007 ou 2008, et au fil du temps, on est vraiment devenus de grands amis. A chaque nouvelle chanson du groupe A Singer Must Die, je suis complètement transporté par leur côté enchanteur, aux ambiances de conte de fées, et apr les multiples talents qu’il peut y avoir dans leur songwrting. C’est un groupe qui a toutes les chances de trouver rapidement un écho dans beaucoup de pays. Alors profitez bien dela musique des gars du groupe A Singer Must Die, moi je m’en vais enfiler un manteau bien chaud, mettre une écharpe, bien emmitouflé à l’abri du vent glacé et de ces bancs de neige...A bientôt !


Greg Bod > Quel est votre rapport à Internet et à la dématérialisation de la musique vous qui avez connu comme moi le monde des passionnés de musique quand on enregistrait religieusement ses artistes préférés sur des cassettes et que l’on se partageait fébrilement.... Quand on cherchait comme un Saint Graal des infos ou l’album d’un artiste... Aujourd’hui nous sommes dans une ère de l’immédiat....

(Manuel Bichon) Internet à un très grand pouvoir de visibilité, c’est un outil quotidien très important pour nous mais il y a tout de même des travers qui favorisent une curiosité et un intérêt plus superficiels, on passe vite à autre chose sans vouloir approfondir.

(Manuel Ferrer) Oui c’est la culture Deezer à la va-vite, cette immédiateté c’est l’ennemi de la musique. Mais je ne suis pas aussi pessimiste que ça, quand on rencontre des gens de 18/20 ans à la sortie de certains de nos concerts, ils ont envie de creuser, d’aller plus loin, d’écouter un album en entier, ils se rendent bien compte que la musique, ce n’est pas que de la musique. En ce qui nous concerne, on serait bien malheureux si notre album n’avait pas une existence physique car on a envie d’avoir la pochette sous les yeux, les photos de Jérôme Sevrette et les mots de Guillaume Mazel à l’intérieur de ce livret, on a envie de faire quelque chose de soigné, d’esthétique. Je pense à un groupe comme Cocteau Twins, même s’il n’y avait a pas les paroles à l’intérieur, le livret était vraiment propice à déclencher un imaginaire.

Greg Bod > Quel serait l’auditeur idéal de Venus Parade...? J’aime beaucoup cette réponse de Nabokov, "S’il y avait un million de moi, j’aurais mon public idéal".


(Manuel Bichon) Le problème d’1 million de moi, c’est que ça ne fait pas beaucoup d’échos, de résonances...et ça ne produit qu’un seul applaudissement finalement (rires)

(Manuel Ferrer) Moi, je quitte la scène en courant !

(Manuel Bichon) ce qu’on aime nous c’est la pluralité d’un public, le fait d’avoir différentes perceptions, chacun y retient ce qui le touche. Guillaume Mazel et toi, par exemple, ne retenez pas tout à fait les mêmes choses à l’écoute de ce qu’on fait.

Greg Bod > "La mélancolie se compose d’une suite de semblables oscillations morales dont la première touche au désespoir et la dernière au plaisir ; dans la jeunesse, elle est le crépuscule du matin ; dans la vieillesse, celui du soir"... J’aime beaucoup cette phrase de Balzac qui je trouve parle bien de l’émotion ressentie à l’écoute de la musique de A Singer Must Die La mélancolie se compose d’une suite de semblables oscillations morales dont la première touche au désespoir et la dernière au plaisir ; dans la jeunesse, elle est le crépuscule du matin ; dans la vieillesse, celui du soir.

(Manuel Bichon) Je ne le ressens pas forcement comme ça, surtout par rapport à la mélancolie. Quand j’entends A Singer Must Die, j’ai plutôt tendance à penser à un commencement, une aube, un réveil, Guillaume Mazel parlait de quelque chose de lumineux allant jusqu’à l’étincelant, mais aussi une lumière sourde, c’est plutôt ces tonalités que je ressens dans notre musique. La mélancolie n’a pas d’aboutissement ou je ne la perçois pas comme ça, et dans notre musique il y a l’espoir, il y a quelque chose qui transparaît derrière et qui donne l’envie d’une suite.

(Manuel Ferrer) C’est-à-dire que pour toi, l’aube est quelque chose de naturel, Manu. Le côté solaire, c’est toi qui l’apporte. Moi, je voudrais l’aube en permanence, je voudrais l’aube plusieurs fois dans la même journée et à chaque chanson, et c’est sans doute ça, au fond, ce que ce disque veut dire.

© Jérôme Sevrette

Greg Bod > The Other colors ?

(Manuel Ferrer) C’est un duo constitué de Marie Möör et Laurent Chambert dont on adore le boulot,certes très étrange et très loin de notre univers mais on voulait en parler : Ils sortent leur nouvel album le 31 décembre prochain qui s’intitulera O.R J’ai connu le travail de Marie Möör à travers ses textes et l’album de Christophe « Comme si la terre penchait », elle avait écrit un texte fabuleux sur le désir, un sorte d’absolu féminin avec la chanson « La Man (elle veut) ». Il y a de la chair dans l’écriture et dans leur musique, et bien que ce soit de la musique électronique, je trouve ça étrangement très organique.

Greg Bod > Vini Reilly (Durutti Column) dit dans une interview lue dans l’oreille absolue :
"La beauté fait partie des quelques choses vraiment sacrées en ce monde, comme l’amour d’une mère pour son enfant, l’attention dont on doit faire preuve à l’égard des plus faibles… Je suis admiratif devant les personnes qui ont pour vocation de prendre soin des autres, il y a là quelque chose de très pur et de très fort. Ce monde n’a rien de juste ni de doux : alors nous avons besoin que la beauté affleure, ici et là. Et il faut créer sa propre beauté pour survivre." Grâce à vous, je trouve qu’il y a un peu de beauté qui vient de se rajouter dans notre monde qui n’est pas toujours si facile...

(Manuel Ferrer) : Cette phrase est splendide...merci. Oui, la musique peut nous réconcilier avec le monde, c’est l’un des derniers espaces harmonieux. Dans une de nos nouvelles chansons, j’écris que la vie n’est pas suffisante. Ça rejoint modestement ce qui est dit.

https://myspace.com/asingermustdie


https://photographique.fr/‎

http://www.youtube.com/user/Suttieslea

http://music.hiddenshoal.com/artists/kramies/


www.theothercolors.com/‎

Pour réécouter l’intégralité de l’émission et l’interview de Ian Caple, allez là...

http://www.mixcloud.com/gregbod/