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Se réveiller, se lever tôt pour profiter de cette chaude et excitante journée de printemps qui s’annonce, faire l’ouverture du café d’en bas, flâner quelques instants dans les rues de cette ville calme et à peine éveillée, s’installer à cette terrasse en attendant l’ouverture de la boulangerie, penser à elle, à eux, encore engourdis là-haut, à cette belle journée qui s’annonce, le départ, le trajet les cheveux au vent sous le ciel immaculé, la musique du bonheur à tue-tête, les rires échangés, les retrouvailles proches, les amis perdus de vue, les toujours présents, les pas souvent là, les frères de sang, les sœurs de cœur, la famille réunie à nouveau, là-bas, quelque part au bord d’une falaise de craie inondée de soleil, au bout de ce vaste monde, de cette terre qui ne tourne pas si rond, ce grand champ plein de fleurs sauvages colorées, les fous rires, les embrassades, les regards complices, les danses joyeuses, dans quelques heures ils y seront, comme suspendus entre mer, ciel et terre, quelques arbres arrivés là on ne sait trop comment, secret des druides, ils arriveront par petits groupes ou seuls, deux par deux, un sourire accroché aux lèvres, impatients de se joindre à cette fête, une bouteille à la main, au son de cette musique heureuse et riante, ils se chercheront du regard, elle sera là, lui aussi surement, le buffet peu à peu s’emplira, les verres trinqueront, le buffet se videra, les instruments sortiront de leurs housses, de leurs sacs, des coffres, pendant que les derniers arriveront à vélo par ce sentier côtier ou à dos de nuages légers, des ailes auront poussé, les corps seront plus légers, les soucis et autres oiseaux de mauvaises augure, les empêcheurs de tourner en rond seront tenus à l’écart de cette fête mystérieuse, Yvonne et Frantz de Galais seront là au détour d’une tente de toile caressée par le vent soyeux, comme nous ils écouteront cette musique légère et enveloppante, il y aura cette conteuse fantastique installée là juste au bord du vide, survolée par des oiseaux intrigués, narrant aux grands et aux petits les exploits oubliés de lutins exotiques, mimant des contes venus de pays lointains, inventant des histoires qui font du bien, il y aura ces musiciens amateurs embarqués dans une fanfare exubérante, ces rondes d’enfants et d’adultes mêlés, ces rires sans fin, ces danses improvisées, ces sourires apaisants, ces regards amoureux, ce magicien et ses tours fascinants, cette fée éphémère, ces mères amoureuses, ces enfants bondissants, ces hommes complices, ces couples aimantés, des duos retirés pour quelques minutes volées au monde, les paysages de contrées inconnues en impression sur l’horizon marin, des projets de voyages, d’escapades, un goût d’école buissonnière, cette musique toujours entrainante et légère, ces joutes improvisées, ces verres trinqués, ces baisers échangés, cet amour dans les mains, les yeux, ils seront tous là, réunis dans une même liesse, une complicité tactile, les cinq sens en éveil, l’espace de cette journée la famille, les amis, le soleil et cette lumière accueillante, tu seras là, avec moi, avec eux, nous serons là, les enfants qui dansent, les enfants qui chantent, nous serons simplement bien, apaisés, nous écouterons cette musique colorée et complice, au soleil couchant, les feux s’allumeront, les étoiles attireront tous les regards, les premiers enfants tomberont de fatigue, les autres continueront à danser, nous continuerons à nous aimer. La nuit nous appartient. La vie aussi.

Quelle belle surprise que cet album. Vraiment. Une musique lumineuse et bienveillante. Légère, précise, riche, enjouée, chaleureuse, pleine d’énergie positive mais qui ne cède jamais à la facilité en habillant une base pop acoustique d’arrangements raffinés, de cordes, de percussions et de cuivres soignés. Quelque part entre la douceur d’une Keren Ann (mais qui aurait avalé un flacon à bulles multicolores et une fanfare), les mille et unes nuances pop des Go-Betweens et la flamboyance d’un Neil Hannon, Joanna Kirk et Guillaume Cousin délivrent ici un album enchanteur. Ils savent indéniablement doser et jouer avec toute la palette d’émotions positives depuis la tendresse complice jusqu’à la joie franche et rieuse. Une musique contagieuse à garder à portée de main.

Tales & Remedies, comme voilà un nom bien porté.