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Echo : « Effet d’une onde acoustique qui parvient à un point donné, après réflexion, avec une intensité et un retard suffisants pour être perçue comme distincte de l’onde directe par un auditeur placé en ce point. »

Un titre d’album, comme un Programme, une feuille de route pour traverser ce 3° album de Arnaud Michniak après l’uppercut « Poing Perdu » en 2007 et le plus récent « Pour qui sonne le Tilt » sorti en 2012.

La première onde acoustique lancée est forte, violente…du verre brisé s’écrase… « Antigone Z » ouvre la voie sur des bases mécanique, lourde, industrielle. Ce son brut, direct, est une des parois sur lequel viendra régulièrement rebondir le disque notamment sur le viscéral « Cracovie Freestyle ».

Cette paroi, proche de l’univers de « Poing Perdu » est loin d’être la seule, l’effet de kaléidoscope sonore que la première écoute du disque procure est tout aussi saisissant que pérenne au fil des écoutes.

Dés « c’était les jardins ouvriers », le rythme est plus lent, la voix calme, presque apaisante ( évolution déjà perceptible sur « Qui sonne Tilt ») , lentement hypnotique, apaisement sonore, comme pour mieux renvoyer la force du verbe, poétique et emprunt de nostalgie et de sentiments toujours à fleurs de peau :

« je suis sur le seuil, toujours seul

Garde tes distances, je sens encore trop les coups,

Je tourne alentours, le suicide tous les jours (…)

C’était les jardins ouvriers au bord du fleuve

Les gosses dehors jouaient au sud au nord encore et encore

Les anciens veillaient sur la vie au bord des quartiers

Où naissent encore des fleuves et des fruits d’or

Les armées des lois et du crime au bord de nos rêves et de nos efforts

Jouaient nos vies nos morts dans un corps à corps »

Ce même motif émotif traverse également « Aussi vite que le feu » et le tout aussi réussi « Souvenirs » :

Tandis que « Des lumières sans nuages » et « La Ballade des appâts » ouvre des perspectives hip-hop / pop immédiatement addictives et emprunte d’une certaine forme de romantisme :

« (…) on se balade comme des appâts mon amour, je t’aime même si je ne te vois pas mon amour, et même si tu n’existais pas mon amour je révérais de toi… »

« Combinaisons oranges » et le sublime « La vie sans thème », en contrepoint renvoie vers une douce mélancolie piano, voix à peine audible….simplement beau et touchant.

Michniak, avec « écho » offre un disque en trompe l’œil, faussement apaisé, qui au fil des écoutes continue de tracer le sillon d’une œuvre qui ne cesse de déchirer le nylon de nos émotions.…« Comme si » de rien n’était ….

« (…) je ferai mieux de faire comme si, comme çà, tu vois…tu vois,

je ferais mieux d’être comme ci, comme çà, tu vois tu vois…

je ferais mieux de trouver ton adresse pour t’envoyer le bout du ciel que tu as

oublié dans ma main (…) »

« je ferais mieux de rester là puisque qu’on ne me lâche pas et que tu ne viens pas

plutôt que de cacher encore, être moi (…) »

…écho,

écho,

écho….