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Je dois bien vous avouer quelque chose, après plus de quinze années à écrire sur la musique dite souterraine, je feuillette rarement les feuilles de presse. J’aime écouter sans savoir, sans me faire influencer, et prendre le risque de la digérer tellement mal qu’elle serait recrachée quasi in extenso dans une chronique fainéante.

Et puis parfois je me plonge dans celle ci comme un nageur français sur une ligne de coke, et je tombe de ma chaise, filant me cacher indifféremment sous le canapé, sous la table, ou pire encore sous une pile de disques attendant que je finisse par poser des mots sur ces sons demandeurs. Me cacher, non pas de terreur, juste de honte, de lire une phrase extraite d’une de mes chroniques, avec cette phrase qu’Elisabeth Tessier n’oserait pas reproduire dans ses mémoires, « Et si l’espoir venait d’eux ? », phrase doublé de la honte ultime d’avoir dit au patron du label Mind Riot, assez maladroitement que cette triple sortie, était un suicide. Car si l’avenir est bien la ligne d’horizon que nous voyons au loin, celle de Moslyve est malheureusement obstruée par une révérence tirée, pour le coup avec classe, un geste artistique quasi chevaleresque, peut être une façon de donner tord à ceux qui n’auront jamais fait l’effort de croire en ce groupe.

Troisième album donc, trois versions, 3 visions, et trois fois plus de regret de voir ce groupe s’en aller de la scène d’ici, alors que les fleurs offertes sont probablement les plus belles que nous ayons eu à mettre dans un vase, faisant durer le plaisir des parfums et des couleurs aussi longtemps que possible, c’est à dire pour la vie.

Collaborant avec l’indispensable Nicolas Leroux, qui remixera d’ailleurs la version officielle (Have Faith) le groupe atteint une quasi perfection qui sont à chercher dans la crème d’une certaine scène anglo saxonne se mettant au service de la musique, avant de se servir de celle ci.

Sur « Have Faith » Moslyve épate par sa maitrise des émotions, parvenant à nous faire basculer dans des sentiments contraires dans la même chanson, sans jamais tirer aucune ficelle facile. « Have Faith » est à lui seul un grand disque de séparation, un générique de fin qui ferait chialer et enrager le premier rockeur venu, comme un agriculteur serrant dans ses mains une poignée de terre aride qui ne donne plus rien, mais qui finira par faire pousser quelque chose quand l’eau (les larmes ?) l’irriguera de nouveau.

Avec « Faith in the Sound », mixé par Lys Last Stand, Moslyve prend la poudre d’escampette, semble oublier momentanément son encyclopédie du rock indé, pour se promener de façon presque dilettante, totalement relâché, arrondissant des angles parfois pointues, pour mieux nous noyer dans un nuage de félicitée, car le point final de quelque chose doit être aussi une fête, même si la tristesse prédomine. Moslyve s’autorise les sorties de piste, les chavirages, ivre de quelque chose qui pourrait s’apparenter à un lâcher prise émancipateur. Moslyve cherchait peut être une porte de sortie, il s’offre une façon nouvelle de se voir.

Et c’est avec « Faith » que Moslyve se présente presque à poil, confirmant ce que je pense depuis le début, que Sylvain Cascarino a probablement dans ses veines un sang qui traversait aussi un Tom Verlaine. Moslyve n’est pas une resucée de Télévision, mais fait avec « Faith » ce que peu de groupe aurait réussi à faire, se rapprocher de cette préciosité rock, tout à la fois littéraire et humble, le port altier, comme un chevalier.

La foi pour pallier l’absence.

« Prove it…..just the facts…

the confidential

This Case, this case, this case that i….

I’ve been workin’ on so long…. »




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