Au moment de se pencher sur « Loom » de Ms John Soda il est bien difficile de ne pas commencer par jeter un œil dans le rétroviseur et constater l’influence des frères Acher au cours des 15 dernières années.
Au tournant des années 2000, sur la trajectoire qui allait placer The Notwist au firmament de l’indé-pop-rock avec « Neon Golden », les deux frères Markus et Micha poursuivaient en parallèle leurs aspirations personnelles avec la même réussite au sein respectivement de Lali Puna (sublime « Fake The Book » en 2004) et Ms John Soda projet que Micha et Stephanie Böhm lance en 2002 avec « No P or D » dans une veine electronica/electropop maitrisée.
Etiquette trop étriquée face à l’inventivité des frères Acher et leur goût prononcé à tout croiser, mélanger, et s’ouvrir sans cesse à de nouvelles influences. « Notes and the like », le second album de Ms John Soda sera ainsi encore plus ouvert et par instant plus arrangé (cordes, etc…) après un crochet sous influence hip-hop sur le EP « While Talking » où Subtle mettait un pied dans la porte sur « No.One » , prémices aux travaux à venir au sein de 13&God, autre incarnation du kaléidoscope éclectique dessiné par la fratrie issue de Willheim.
Près d’une décennie aura été nécessaire pour revoir le duo remettre le métier sur l’ouvrage. L’album s’ouvre sur des bases plutôt sombres avec « In My arms », chanson empreinte de doute où l’on retombe instantanément sous le charme de la voix de Stephanie Böhm, des claviers élégants et de cuivres tout en rondeur.
« Hero Whales » ouvre ensuite vers des tonalités plus pop, légères et rêveuses :
(…) « You shine like my heroes Divine like my heroes
You dream on - my heroes
You mean all - my hero whales (..)
« Millions » accélère encore le rythme pour un des morceaux les plus dansant du disque comme une injonction à refuser encore un peu l’inévitable évidence ou mieux la dépasser :
(…)Never lay aside and never do deny and never leave behind that we are in the know Of
Never lay aside and never do deny and never leave behind that millions matter
Millions matter, know it Millions matter, get it Like we do (…)
« The light » ralentit le mouvement pour nous emmener dans les bras de « Sodawaltz » sur lequel la simplicité des quelques notes de claviers et quelques cuivres offrent un écrin feutré à une déclaration sublime :
(…) Sometimes so far away
Our uncovered grace
When all things do fade to grey see, one thing remains
You will always know
You, my dear see, we’re so ever anyhow, I’ll be there
In times we might rest.
so far In times a unit so close
And whoever finds it bizarre one thing always shows
When you call my name anywhere
The strongest bond for good and all times
I’ll be there (…)
« Hi Fool » prend le relais et remonte le curseur rythmique tout en offrant une réponse possible à « Millions » :
(…) There is a way from here,
I see Too man times we tried, seeing clear
There is a way from here, see Hi f-o-o-l I say (…)
« Sirens » offre un écho marin, pop et fantasmatique au « Hero Whales » de la première partie du disque, avant que « Name It » nous place en état d’apesanteur cotonneux sur un texte hautement introspectif et touchant.
Sur le final et somptueux « Fall Away », la voix de Stephanie porte une dernière fois de façon sublime, sur une base simple de piano, guitare et d’une rythmique minimale, un texte qui l’est tout autant :
(…)These sort of names these sort of dreams
Hide behind a curtain
Fall away Don’ blind my sight for a night
Try to make both ends meet
Uncover traces
Find your way Take the dry suit
Off for a night
Just leave it behind
The footlights won’ t shine
The fool reel turns on
Keep likeness in mind while icons go blind
A fool for a night
Try to make both ends meet
Uncover traces
Find your way
Take the dry suit
Off for a night
These sort of names these sort of dreams
Hide behind a curtain
Fall away Don’ blind my sight for a night
Try to make both ends meet
Uncover traces Find your way Take the dry suit off for a night
Sur « Loom », Ms John Soda tisse une nouvelle fois un motif sensible et mélancolique, et nous offre un disque qui, au fil des écoutes, révèle des nuances multiples, riches et addictives qui en font un disque automnal idéal.