IL y a ce besoin, après les noirceurs de Novembre et le trop plein de lueurs de Décembre de trouver le demi-ton intime, la demi-teinte des émotions, de se faire de petits plaisirs sans grandes joies ni profondes tristesses, juste se sentir vivre, un peu, dans ces limbes sans problèmes ni victoires. Alors j’ai ressorti un tas de disques que j’avais dans des enveloppes de papier, de ces trucs typiques dont un des titres m’avais séduits sans pour autant coller au disque, parfois même sans poser l’oreille sur le reste. Dans ce tas de choses où surement se cachent des perles que je découvrirais dans les longues soirées de retraité en peine. C’est alors ma compagne qui arrêta ma frénésie de « je pose et j’enlève disque sur disque » en me disant, c’est bien ça (Eso mola, en espagnol). Bien, dans les couples dont l’un est passionné de musique et l’autre pas du tout, cet équilibre de gout est plutôt miraculeux, ors donc, il faut essayer de maintenir ce moment le plus longtemps possible, et puis éviter que madame se fâche. C’est Lana Del Rey ? (Esa es Lana Del RRRRey en espagnol) lâcha-t-elle, en souvenir du dernier miracle sonore qui nous unis, et je tombais des nues devant sa clairvoyance, oui, il y avait un quelque chose de luxueux qui semblait joindre les bouts. Piqué par l’intérêt, je laissais tomber la pile de musique restant, abandonnant lâchement des possibles prix Pulitzer de critique musicale, et oui, Emile Haynie, producteur de la dite Lana, apparaissait dans les coups de pouces a cet artiste sans style défini et de tout style en lui-même. Sorti en Octobre, ce Dopamine est un disque compact, je veux dire par là qu’il n’y a rien a jeter, mais tout a fait explosé, je veux dire par là qu’aucune chanson ne se ressemble, si ce n’était pour la personnalité et la voix et cette production chargée, on pourrait croire que c’est une compil de Californiens a la fois fans des hymnes ondulants et insouciants des T.rex de Marc Bolan, comme des fous furieux de Mika et son optimisme a peine dansable, et puis une légion de déjantés qui seraient le chainon manquant entre Raveonettes et Coldplay… Il y a du pain sur la planche, on y trouve même ce groove très Funky bands des 80’s mourants. Mais voila, il émerge de ce brouhaha un plaisir très pénétrant, une quiétude intense, un voyage au pays des merveilles sans sursauts ni somnolences, qui vous prend en otage sans douleurs, et vous vous retrouvez en fin de disque sans vous en être rendu compte, et vos lèvres murmures encore le refrain de la première chanson et le couplet de la première, mais voila, Dopamine est un disque pour onaniste sonore, facile d’entrée, produit comme un bonbon, enveloppé comme un cadeau de Noël, un alcool au degrés juste pour envoyer en l’air sans causer une retombée douloureuse, intelligent dans le choix des influences et discours, et de plus par un type nommé Borns dont je ne doute du talent pour grappiller par-ci par-là les désirs des auditeurs et leur rendre la satisfaction de leurs fantaisies, un peu comme agissent ces liseurs de tarot et de lignes de la main, qui font de la physiologie et de la conversation non-verbal un sérum de vérité puissant, qui vous creuse et vous découvre tels que vous vous êtes avoués. Dopamine a l’intelligence d’un orateur politique, et Borns cet art (qui se travaille) de mettre le doigt sur l’interrupteur parfait au moment parfait de chacun. Je ne veux en rien dire du mal de ce disque, ni ne peux, si je ne l’appréciais pas je n’en parlerais pas, je ne dirai jamais du négatif, je me le garde pour moi, ce disque a des moments légendaires, des instants d’éblouissements, et il y a un besoin de ces thèmes en demi-teintes, qui évitent colères ni élèvent paix, des demi-tempos et des Easy-listening a deux doigts du commercial, mais avec cette touche juste et calculée d’autre chose, de l’étincelle qui les fait différents, et qui rend ce Dopamine intéressant, indispensable pour le repos des guerres et le feu des somnolences.