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Même les fans absolus de James (dont je ne fais pas partie) s’accordent là-dessus : l’après Whiplash, pour Tim Booth, est une longue descente vers l’anonyme médiocrité et les maladroites tentatives de reconquête. Avec ou sans Brian Eno, James, depuis plus de quinze années, ne dépasse guère la simple notice en bas de page, un souvenir pour les uns, l’illustre inconnu pour les autres – en se reformant, les très moyens Slowdive obtiennent aujourd’hui une reconnaissance supérieure.

Comment expliquer pareille débâcle (rappelons qu’il fut un temps où James, comme House Of Love, se préparait à une gloire équivalente à celle de U2) ? Sans doute les Mancuniens, à l’instar des écossais Simple Minds (autre espoir déchu), gonflèrent un peu trop les muscles afin de sauter les étapes réglementaires. Déterminé à conquérir le monde, James, grisé par le tube « Sit Down », passa directement de l’insouciance à la certitude, de la folle sincérité aux relents fédérateurs. Le mea culpa Laid (et, durant une bonne moitié, l’album Whiplash) n’y changea rien : James avait frôlé le succès, seulement frôlé… Et pourtant, Tim Booth s’acharne. Là où nombreux jetèrent l’éponge avant de revenir sereins et dignes (House Of Love toujours, lloyd Cole, Bill Pritchard), James n’a jamais cessé de sortir des albums. Des albums sans intérêt que le groupe concevait certainement pour les nostalgiques du 3615 Lenoir. Parfois, un éclair surgissait : on tient ainsi en très haute estime l’EP « The Morning After », aussi doux qu’intimiste. Des éclairs rares et finalement inconséquents.

C’est donc avec je-m’en-foutisme que l’on écoute Girl At The End Of The World, énième album de James qui n’intéressera personne hormis les vieux lecteurs des Inrocks période N&B. Intriguant : le titre d’ouverture (« Bitch ») sonne comme du Neu ! lyriquement dompté par la fougue Booth. Rien de neuf certes (Primal Scream s’inspirait déjà du krautrock en 2002) mais voilà qui offre à James un territoire inédit. En deuxième position, « To My Surprise » (qui porte bien son nom) est une belle chanson populaire aux accents « Tomorrow ». « Nothing But Love », en revanche, s’apparente à une scie pailletée qu’il faudra présenter au dernier Mercury Rev… Plus surprenant : à de nombreuses reprises au cours de cet album ni honteux ni génial, James, toujours en pleine soif dominatrice, fait claquer la basse façon Adam Clayton (Tim Booth, lui, as usual, ressemble à Bono chantant dans un stade vide). Cela provoque autant d’admiration que de pitié : James s’accroche, se défend et remporte parfois quelques points… Sauf que la messe est dite : le quart d’heure warholien ne se reconduit jamais. Pour James, c’est dorénavant la lutte absurde contre des moulins à vent.




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