> Spéciales


  • 13 mai 2016 /
    Bruit Noir
    + Mathias Delplanque + Thomas Belhom/Cédric Thimon @ La Carène/Brest Soirée Ici d’Ailleurs – 20/04/16

    réalisée par FLK & PAR

 

Lors de notre transhumance habituelle de printemps en terre bretonne, nous arrivons à Brest un mercredi soir d’avril. Nos pas nous conduisent alors jusqu’à la Carène, la salle de musiques actuelles de la ville, où se déroule la soirée de l’excellent label Ici d’Ailleurs co-organisée par l’association Penn Ar Jazz, et en partenariat avec différents webzines (Benzine, Sourdoreille, Longueur d’Ondes et bien sûr À Découvrir Absolument).

 

 

À notre grande surprise, la salle est loin d’être pleine pour une programmation de cette qualité ; cependant, le public est attentif et réceptif aux différentes propositions musicales. Et justement, la soirée commence avec le duo Thomas Belhom (chant, guitare, clavier, loops, batterie, percussions…) et Cédric Thimon (saxophone, trombone, loops, effets), pour une musique qu’on peut qualifier de pop expérimentale, dans le sens où la mélodie est très présente, mais dans des structures peu conventionnelles. Thomas met en boucle la guitare, le clavier, et à partir de cette base, les 2 compères développent leur jeu, l’un avec une multitude d’objets percussifs improbables, avec sa voix, aussi, l’autre jouant des textures de ses instruments. On se laisse embarquer dans leur univers où l’improvisation et le jazz ne sont jamais loin. Belle découverte.

 

 

Vient ensuite Mathias Delplanque en solo, initialement prévu en duo avec Arnaud Fournier (Hint / Dead Hippies). Nous attendions avec impatience de découvrir cette formule, mais ne boudons pas notre plaisir à écouter le set tout en progression de Mathias. La 1ère impression qui frappe est la façon très physique qu’il a de jouer de ses divers contrôleurs électroniques, passant de l’un à l’autre tel un ballet chorégraphié. Il développe une musique exigeante qui permet à chacun d’en faire sa propre réinterprétation intérieure. Aux textures sonores abstraites déclenchées et triturées s’ajoutent de vrais instruments : une basse jouée à l’archet et saturée/delayée, un métallophone (ou glockenspiel) détourné et bouclé. Le set monte en intensité, le rythme apparaît, les subs vrombissent, le corps ressent physiquement le son, on ferme alors les yeux. Sensations garanties.

 

 

"Bruit Noir à Brest : Une soirée d’exception". C’est ainsi que résume pour nous (mais surtout pour les journalistes qu’il taquine durant tout le set) l’omniprésent Pascal Bouaziz, voix de Bruit Noir, groupe qui clôt cette belle programmation. Le concert commence par une longue introduction de Pascal invitant le public à rentrer dans la salle. "Il paraît que je parle trop !" continue-t’il, poursuivant ses blagues et ses pics ironiques encore plusieurs minutes. Sans transition, le "Requiem" (un de nos titres préférés) est lancé, Jean-Michel Pirès pilonne ses fûts pendant que Pascal fait sa propre éloge funèbre. D’abord un peu décontenancé par le procédé scénique - des bandes, de la batterie sans cymbale, une voix, une projection vidéo d’images presque fixes, de lieux abandonnés – on se laisse vite absorber par la tension des morceaux, une rythmique martelée opposée au flow des textes, sombres, grinçants, toujours justes. Pascal échange et blague entre chaque titre (son acolyte est souvent hilare, tout comme le public), notamment après "La province" où il essaie tant bien que mal de se dépatouiller de ce texte sans concession pour les non-parisiens. Il se rattrape en se moquant gentiment de lui-même puis dit de l’auditoire : "Le verdict est sans appel : Vous êtes l’élite de la nation !" T’inquiète Pascal, on a compris ! La plupart des titres de l’unique album I/III sont exécutés, on apprécie au passage "Joy Division", "L’usine", parmi les plus marquants. "Adieu" clôt le concert comme l’album, la lumière a baissé, le rythme s’apaise, les mots frappent, l’émotion.

 

Encore pris par la tension du concert, nous retrouvons le hall, le stand merch où l’on peut discuter avec les artistes, et reprendre pied dans la réalité. C’était effectivement une soirée exceptionnelle.

 

http://mendelson.free.fr http://www.mathiasdelplanque.com http://www.thomasbelhom.net/fr/