Après une petite balade pour découvrir le centre ville, rendez-vous en début d’après-midi dans la chapelle St Jacques pour assister à 2 concerts. A notre surprise, des chaises ont été installées pour une programmation pourtant assez "rock" : ça promet une écoute différente… well… pourquoi pas ?
Pour qui n’a pas vu un concert de Michel Cloup, la disposition scénique avec la batterie à droite permet une grande proximité tant avec le guitariste que le public. Une projection du logo "MC" est visible en fond de scène pour poser le décor comme un générique figé annonçant le concert chargé d’images sonores à venir. Le duo débute le set au son d’une voix féminine, puis déroule les titres du dernier album : "Nous qui n’arrivons plus à dire nous", "La classe ouvrière s’est enfuie", "Ici et là-bas" s’enchainent. Immergé dans le son, le public hoche la tête en cadence, en communion avec Don Michel Cloup qui à un moment invite les fidèles à s’assoir… (rires). On sent la complicité entre les 2 musiciens : à la masse sonore des couches de guitare répond la frappe sèche et toute en puissance de Julien Rufié, qui élève l’intensité des titres les plus tendus… à en casser des peaux (il semblerait que ça arrive à chaque date sur cette tournée, nous dit Michel, goguenard). Le caractère social, sociétal (oserait-on dire engagé ?) des textes nous explose à la figure, sur des titres comme "animal blessé" (‘T’es tu déjà senti étranger dans ta ville, ton quartier...’) ou "étranger" en préambule duquel Michel nous dit que ces derniers temps il est affligé, qu’il a honte de la situation actuelle (et on le comprend). Pour le dernier titre, le batteur quitte la scène et toute notre attention se concentre sur Michel qui alterne les nappes de guitares et la lecture de son texte "Une adresse en Italie". Le logo est remplacé par un paysage sombre au soleil couchant qui accompagne l’histoire, dont les mots nous captivent jusqu’à la dernière note.
Nous retrouvons ensuite Filiamotsa & GW Sok, accompagnés pour l’occasion de l’incontournable Olivier Mellano à la guitare. Le set débute par ‘Poètes vos papiers’ de Léo Ferré, jolie entrée en matière et belle transition après Michel Cloup. On se laisse très vite immerger par le flot de sons du groupe, les violons saturés et pitchés de façon à sonner comme des guitares (ou presque), les claviers & les interventions d’Olivier Mellano qui ajoutent du relief au maelström sonore développé. GW Sok scande les textes de sa voix quasi martiale, tout en scrutant le public de son regard perçant… l’effet est saisissant, l’acoustique de la salle renforce la dynamique des morceaux et emporte le public vers une ferveur quasi religieuse. Décidément, l’atmosphère du lieu influence notre perception des concerts et magnifie les interprétations. On sort ravi de cet après-midi en chapelle.
Nous ne pouvons ensuite malheureusement pas assister au concert de Las Aves, puisque nous interviewons Filiamotsa… pour vous donner une idée, voici un titre filmé par WCAGA.
Les concerts du soir ont lieu au Minotaure, le complexe culturel de la ville comprenant notamment un théâtre et une grande salle, un bar… Nous découvrons également le coin restauration, où tous les produits proposés sont autant locaux qu’excellents, avec des menus végétariens, des thés bien-être, des gâteaux savoureux, que l’on teste à plusieurs reprises, histoire d’en avoir le cœur net. C’est un des premiers festivals où l’on mange aussi bien, pour un prix très raisonnable. On profite aussi des temps de détente entre les concerts pour se plonger dans le numéro du jour du Rockodeur, fanzine papier quotidien fait à la main (à l’ancienne) qui relate les derniers événements du festival, les coups de cœur, les anecdotes croustillantes… Direction la salle pour la suite des festivités.
Que dire d’un concert de La Colonie de Vacances qui n’a pas encore été dit ? Le dispositif est désormais connu : 4 groupes (Papier Tigre, Pneu, Electric Electric & Marvin, soit la fine fleur de la scène noise/math-rock en France) jouent sur des scènes aux 4 coins de la salle, le public se retrouvant au milieu. Le résultat ? Une déflagration de rythmes, de riffs, parfois alternés, tournoyants, parfois comme une seule masse sonore qui vous donne l’envie soit de sautiller (car oui, c’est dansant !) soit de se concentrer pour comprendre comment ils font ça !
Côté public, il y a plusieurs façons de profiter de ce « quadraphonic show » : rester bien au centre et s’immerger dans cette expérience sonore inédite, rester devant un groupe, ou bien encore circuler devant chaque, et se laisser prendre par le jeu des musiciens, toujours à l’écoute des autres, le regard souvent fixé sur l’acolyte lui faisant face. La salle s’allume pour les 2 derniers morceaux, tout le monde se voit, pogos !
Après le show, le sonorisateur passe du Guns N’ Roses (sweet child o mine) sans doute pour faire fuir les gens, le changement de plateau étant plutôt compliqué et exigeant que la salle soit vide.
Puis arrive Samba de la Muerte sur la grande scène. Ce sont des habitués des lieux, ils ont déjà joué à Gare à la Rochette (un autre festival organisé par la même asso à quelques km de Vendôme) et aux Rockos il y a 3 ans dans la chapelle. En toute humilité, ils se présentent comme "le 5ème groupe de la colonie de vacances". Ah bon ? Bref, on écoute sans réussir à se laisser prendre à leur mélange électro-pop afrobeat. Le chanteur bouge beaucoup, même quand il joue du clavier, mais cette débauche d’énergie n’arrive pas à nous convaincre. Nous rebroussons chemin en direction du bar, où l’on trouve aussi des vins locaux (paraît-il excellents), et où chacun peut se faire prendre en photo dans le fameux Rockomaton.
Une fois notre soif étanchée, nous retournons danser sur la musique répétitive de Konono n°1, groupe congolais composé d’un batteur, un percussionniste, 2 joueurs de senza (l’un grave, pour les basses, l’autre médium pour les mélodies, les 2 sur amplis) et chanteurs, et une chanteuse-danseuse très enthousiaste. Ils mélangent une musique traditionnelle avec des sonorités distordues et une énergie quasi dance-floor. Le public se laisse happer par les rythmes et se retrouve rapidement en quasi-transe, bougeant frénétiquement, le sourire aux lèvres. On voit passer une chenille… ça devient le délire… Sur scène la femme danse dans sa robe, bouge son ventre et ses fesses en cadence pour la plus grande joie du public qui l’ovationne et la presse de continuer à se déhancher.
Attendus comme le clou de la soirée pour certains, les 4 d’Odezenne arrivent en terrain conquis dans une salle pleine à craquer. Les 2 rappeurs balancent leur flow en français, sur un ton désabusé, porté par 1 batteur, 1 guitariste et surtout beaucoup de samples/instrus. Le public jeune réagit bien, convertis à ce rap qui ne nous touche que moyennement, peut être à cause des paroles qu’on a du mal à distinguer. On s’ennuie un peu, on décroche, on retourne finalement au bar retrouver les "anciens" pour sourire ensemble de ce choc des générations qui nous frappe de plein fouet. Trop vieux pour cette musique ? On préfère se dire qu’on n’est pas d’humeur ce soir-là.
Du coup on attend tranquillement le dernier concert en regardant les multiples projections sur les murs au-dessus du bar de divers films d’animation, images de jeux vidéos et autres étrangetés…
Comment avait-on réussi à ne jamais voir les Burning Heads en concert ? Ça n’est plus l’heure de se poser la question, mais celle de se prendre en pleine face leur punk-rock pur jus, leurs morceaux courts délivrés à 100 à l’heure, agrémentés de 2 titres reggae histoire de reprendre un peu leur respiration. Le batteur et le guitariste sont torse nus et arborent fièrement des tatouages, le bassiste fait des bons ahurissants… ça pogotte de toute part, comme on disait à l’époque ! Le chanteur saute dans le public sur l’avant-dernier morceau et surfe sur les mains tendues. Fatigués sur la fin de soirée, on se sent pourtant ragaillardis par ce set court et intense ! Merci les gars !
Encore une belle journée vendômoise qui se termine, avec quelques passages en demi-teinte en milieu de soirée, mais des sommets atteints sur le reste des concerts. On commence à trouver notre rythme de croisière et nos marques dans les différents lieux. L’ambiance fait son effet, on parle déjà de revenir l’an prochain alors que le festival bat son plein… Rockomotives, notre festival idéal ? Ça se précise.