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Dans ce disque de Lourdes Rebels il y a une folie douce, une forme de sourire hébété, caractéristique d’un groupe qui semble prendre un plaisir malin (et pas le contraire) à avancer sans regarder derrière lui, à cueillir sans distinction des légumes et des fleurs pour en faire un plat unique, à inviter l’ensemble des animaux de l’arche de Noé pour une virée nocturne sur des scooters des mers à la direction défaillante. Ce "Lolita" est une suite pas totalement logique de « Snuff Safari », mais pas totalement illogique, rien ici de semblant répondre à une quelconque ligne directrice rectiligne.

Complètement fou, incarnant un style que nous pourrions appeler le post je ne sais pas quoi, Lourdes Rebels ferait presque passer les œuvres télévisuelles de Jean Christophe Averty pour un programme à l’usage de l’ensemble de la population. Le groupe ne colle rien, il attache avec du raphia ou des élastiques. Il coud des sons des débuts de phrases musicales pour en faire un canevas tel que nous ne vous souviendrez pas du début d’un morceau alors que sa fin approche. Tout à la fois œuvre de déconstruction ou d’imitation (parfois le groupe semble se transformer en un Daft Punk perdu à la place de Tarzan et élevé donc par un cousin marsupilami de Prince (7up My Sun)).

Pas pour autant un disque expérimental, « Lolita » semble nier en bloc les désirs noirs (j’ai osé), pour une grande fête paganiste, comme si The Party avait été tourné dans le décor naturel de la forêt amazonienne, alors que d’une boite de nuit souterraine sortait de terre, se vidant d’une population dépourvue du moindre code, mais par contre chargée d’expérience allant des premières soirées à la Factory de Manchester au post punk en passant par les dégénérescences joviales d’un Bentley Rythm Ace sous psychotrope arrivant tout droit d’une tribu aborigène vouant un culte à un Gary Glitter aux yeux coulants de rimmel.

Déconseillé, pour les esprits cartésiens, donc évidemment pour nous et pour vous (oui si vous êtes ici c’est que quelque chose ne va pas). De Nabokov à Kubrick tout le monde y perdra son latin, et c’est tant mieux, car Lourdes Rebels nous fait regarder devant nous. Un indispensable d’un été foutraque, jovial et étrange.




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