Sandie Trash, dans nos esprits, a toujours évoqué les films de Russ Meyer, la musique des Cramps et une bonne dose de nitroglycérine. Mais avec une distance permettant au groupe d’éviter le passéisme tout comme le pastiche au quinzième degré. Avec Sandie Trash, l’auditeur est certes convié à se marrer, jusqu’à un certain point. Cette musique s’affirme à la fois très libérée et libre, dévergondée jusqu’aux clins d’œil complices, en même temps le propos invite à prendre au sérieux l’attitude bazooka de la formation.

Le French Peep Show (bien un titre Sandie Trash, ça) poursuit l’attitude et l’esthétique des précédents albums. Avec toujours des fulgurances pop qui laissent pantois (ici, l’homérique Wireless Penelope). Il serait néanmoins trop simpliste d’enfermer Sandie dans la case « cuir / latex / Poison Ivy / Betty Page ».

Car avec le temps et les disques (le cinquième, sans compter de nombreux EP), la musique de Sandie Trash devient assez salutaire pour l’époque. Au moins deux raisons à cela : l’absence de pose et de chiqué – ce rock’n’roll coquin pactise au contraire avec un naturel à ce point revendiqué qu’il faut bien parfois le camoufler, par pudeur, derrière l’imagerie bubble-gum. Ensuite, le refus de se montrer bien sous tous rapports : destroy et fière, à contre-courant des obligations féministes mais cependant bien plus féministe que certains discours sur prompteur, cette musique jouit de sa liberté d’expression. Elle tire de son éclate à chanter et balancer les grattes méchantes une certaine forme de revendication sociale : « I fuck do what I want ! »

Sans se soucier des modes, se contrefoutant royalement des « ont dit », inévitablement OK pour balancer une grenade sur l’époque contemporaine, Sandie Trash, encore, c’est de l’intègre. Mieux que Tu Veux monter dans le wagon ? (meilleur album des Sandie à ce jour) ? Peut-être. Et qu’importe : un album des Sandie Trash s’assimile à du présent-orgasme. L’avenir, on s’en cogne…