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Diantre, est-ce que j’ai loupé une planète ? J’essayais de revenir sur la Terre, après avoir dérivé d’astres en astres, mais de toute évidence je me serai planté en chemin. Ici, la Musique n’est pas terrienne, non, c’est un OVNI que je découvre perdu au milieu de nulle part.

Ces soleils-là, Suuns, diffusent des rayons suracidulés, aux effets curieux, bizarres même, où l’on reconnait des tonnes de choses mais qui ne ressemble à rien. Un saxophone mutant qui perce à travers une masse motorik et électronique sur X-Alt, disco sombre et effrénée ; des curieux synthétiseurs jouent et explosent un peu partout, donnent des gloubi-boulga denses, des purées de pois dans lesquelles on a peine parfois à se retrouver : sur le single Watch You, Watch Me, l’éruption de tonnes de motifs, en plus de la voix surpitchée, modifiée par je ne sais combien d’effets, aurait de quoi donner la nausée si on ne se laisse pas prendre au jeu de la folie, de l’expérimentation.

Après le premier contact surpétillant de ce disque abstrait, très art rock, les choses deviennent un peu plus claires dans l’esprit : on s’habitue à ces reliefs faits de la voix monotone de Shemie, des trouées électroniques et un brin répétitives, qui deviennent vraiment attachantes quand le saxophone fait parfois son entrée. Le disque décousu donne à voir des entêtements fous, ronflants (After the Fall), aux percussions précises, chirurgicales, alors que le reste est plus flottant - la voix qui ne se pose jamais nulle part, les guitares en recherche de textures plus que de mélodie. L’impression de quelque chose d’extrêmement permissif, comme un terrain de jeu lunaire, dans lequel on viendrait toucher les matières inconnues comme le présente la pochette, dans lequel on croise des couleurs explosives, irritantes même, bubble-gum parfois, étranges en tout cas.

C’est finalement à petite dose que l’album dévoile plus ses mérites : il faut avoir le courage autrement de s’embarquer dans ce trip cosmique, qui pioche et régurgite un tas d’influences expérimentales et psychés, quitte à finir dégoûté. C’est une nourriture aux relents très marqués, aux particularités si affirmées que pour l’apprécier, pour ne pas risquer l’indigestion, il faut se satisfaire de peu. Les musiciens de Suuns s’amusent comme des gosses à qui on donne champ libre dans un magasin de jouet, et ça réjouit la plupart du temps, mais ça peut finir par énerver. On espère voir un album peut-être plus mesuré la prochaine fois, comme l’excellent album collaboratif de Suuns et Jerusalem In My Heart d’il y a quelques années, mais on ne rechignera cependant pas son plaisir à écouter Baseline ou Peace and Love.




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