C’est sous le nom de T que Thomas Joseph avait composé ses albums précédents et notamment Bau paru en 2007. Une éternité pour certains disques que l’obsolescence programmée des playlists hebdomadaires a englouti, ou au contraire, une courte ellipse pour d’autres, disques refuges vers lesquels une replongée régulière se fait aussi naturellement que régulièrement avec le même plaisir. Plaisir, qui dès les premières écoutes de Effortless rejaillit instantanément, et peut-être de manière encore plus forte que l’évolution, outre un patronyme complet (signe peut-être d’une volonté d’incarnation plus affirmée) est aussi significative que réussie.
Si le piano reste le fil directeur de l’ensemble des compositions, les accompagnements et arrangements de cordes qui soutenaient les éternels Love Recorder, A Gun In My Hat ou Modern Love sont mis de côté : Thomas Joseph prend résolument un tournant électronique, et ce dès Pianolow où l’écho de boites à rythmes répond en métronome au piano et à la quête exprimée de nouvelles sensations.
La pulsation électronique, dont la qualité de production se révèle à chaque écoute un peu plus, va ainsi épouser à différents niveaux d’intensité, avec des nuances d’une grande maitrise, l’ensemble des dix titres qui composent Effortless et accompagner ainsi l’expression de ces sensations.
De manière dansante et euphorisante sur Le voir ; chaloupée et séductrice sur Let’s Say It’s Just Because Of You And Me, belle incarnation contemporaine de synthé pop tout comme un peu plus loin DAF et Slark ; progressive enfin, sur la sublime cavalcade à travers Brooklyn Heights ou encore Anna II, autant de morceaux qui évoquent par instant le Heat Wave de Sébastien Schuller.
Outre, le piano qui sert de point d’ancrage sur les deux disques, l’évidence de la continuité avec Bau est la grande qualité d’écriture qui illumine Effortless, mais aussi, Hi Again au cour du disque, émouvant morceau de résilience affective qui fait mouche instantanément, ou le sublime LAC, à l’entêtante et douce mélancolie. De ces morceaux qui suspendent le temps, et dont on sent, dont on sait, quand l’œil s’humidifie légèrement, que la gorge se contracte un peu, tout en étant incapable de réprimer un léger sourire au coin des lèvres qu’ils touchent une forme de vérité intime et absolue. Alors, on en viendrait presque à être prêts à attendre de nouveau 10 ans pour écouter la suite. Presque. Mais en fait non. Pas du tout. A Découvrir & à prolonger : vite et absolument.
NB : En attendant cette suite, on se réjouit déjà de savoir que le label Herzfeld lance avec cette première sortie de 2019 une nouvelle édition de Club Herzfeld avec au menu 6 albums CD et 4 EP digitaux parmi lesquels après Thomas Joseph : Lauter, Hicks & Figuri, Vaillant, Guisberg, KG….allez