Nous pouvons le regretter, mais les écrans semblent avoir définitivement remplacé les veillées. Ce moment qui introduisait la nuit nous permettait d’échanger, ou d’entendre des membres du cercle nous conter des histoires, qui si elles ne devaient pas nous faire peur, avaient le devoir de nous faire voyager afin d’être une possible introduction au compagnon de la nuit, le rêve.
En écoutant « Whispered Songs » de Julien Dexant, le rêve serait que non seulement les veillées reviennent, mais surtout qu’elles soient animées par ce quatuor.
Composé de Julien Dexant, Manue Bouriaud, Eric Proud et Fabrice Barré, il est un alliage divin entre des lignes mélodiques entre bues et folk et une construction qui s’écoutent non loin des murs d’une école de musique classique, quand le travail en groupe donne à la solitude passée sa raison d’avoir existé.
Si le quatuor a collaboré avec l’écrivain Alexis Ragougneau c’est probablement pour donner une épaisseur aux textes, de transformer ces chansons en histoires que l’on pourrait se transmettre, même sans les atours classiques. Les douze morceaux se complètent, comme si un fil invisible liait l’ensemble, sortant l’accordéon du statut dans laquelle nous avons voulu trop longtemps le cantonner pour celui de personnage principal et émouvant sur certains titres (A Little Thing), participant même à l’installation d’une atmosphère presque cinématographique avec les autres instruments (Highlife Time )
Le tout porte l’interprétation de Julien Dexant, qui semble surgir entre les notes de la partition, tel un Jiminy Cricket, habile histrion, chantant autant qu’il joue la comédie. Dans cet ensemble, il s’installe aussi comme le spectateur de cette magie, celle de l’absence de la démesure dans cette rencontre qui pourtant pourrait légitimement la convoquer.
Baissez la lumière, formez un cercle et écoutez " Whispered Songs"