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Après deux albums sur les cimes comme Le Verger et La Maison haute, il était difficile de relever le défi d’un nouvel opus. "Ralentissons la marche, ne risquons rien", Lallemant l’évoque lui-même au détour d’une chanson, il se peut que cet album soit porté par une espèce de temps suspendu, au dessus du vide et de ses vertiges, relevant finalement plus de la sieste acoustique lascive dont Lallemant a été un des principaux promoteurs ces dernières années ; avec quelques uns de ses comparses dont on retrouve d’ailleurs les noms au générique de l’album : JP Nataf, Seb Martel, BabX, Fabrice Moreau.

Mais quel plaisir de retrouver la suave et chaleureuse voix de conteur de Bastien Lallemant. En plusieurs albums, il a su signer un univers à la fois narratif et poétique avec cet art subtil de nous raconter des histoires au creux de l’oreille ; comme celle de cet homme qui ne fera plus danser les filles : "son ombre marchait devant, mi homme, mi revenant" ou celle de ces enfants disparaissant au creux des chemins pour y faire flamber le feu de leur jeunesse : "nous filions par les chemins, nul ne savait mieux que nous nous égarer".

Une innocence à peau de lait, le feu doux qui couve, le vent qui tourne. Puisqu’il y a aussi l’ombre de la guerre ; qui plane au-dessus des paysages de plaine craquant sous la chaleur de l’été. Un endroit rêvé, où survit la maison familiale, le nid, le havre de paix, le lieu où revenir pour y dormir la nuit au chaud ; malgré les affres qui s’étirent à l’horizon.

Car dans cet album, il est beaucoup question du retour, d’une certaine dissidence du temps, de ces maisons qui ont survécu aux pluies diluviennes, aux saisons franches, modelant le corps et l’esprit des habitants, dans une facture parfois inquiétante ; ceux qui disparaissent et qui reviennent au pays natal la gueule cassée, le cœur pétrifié.

"Comme grain de poussière, la cendre des morts", c’est ainsi que s’égrainent en chemin ces souvenirs que ramassent consciencieusement Bastien Lallemant pour les y déposer dans ses chansons. De longues routes, à pied, à cheval, où il faut garder le cœur léger, suivant son destin ténu, suivant le fil de cette chanson qui trotte dans nos têtes.




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