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En 2015, Rebeka Warrior et Carla Pallone refermait Corpo Inferno avec La Nuit Tombe, morceau ample, sombre et puissant, qui concrétisait l’émancipation du groupe des ambiances minimales, mélodiques et poétiques qui dominaient leurs trois précédents disques et invitait au passage à s’abandonner pleinement à l’exploration de la vie nocturne plus troublée.

Cette nuit qui s’ouvre, utopie à l’heure du couvre-feu à 18h et de nos libertés asphyxiées, est également un point d’ancrage formel et thématique majeur à l’écoute de Monument Ordinaire qui arrive aujourd’hui sur le nouveau label Warriorecords.

Peut-être encore portée l’orientation du Traum & Existenz de Kompromat excellente collaboration de Rebeka Warrior avec Vitalic sorti en 2019, il se dégage sur le premier tiers du disque une réelle énergie dansante, pure et instinctive sous influence new wave qui traverse les compositions de Ni morte ni connue au frénétique Les filles mortes en passant par l’impeccable Auf Wiedersehen sublimement mis en image par Nicolas Medy.

Si l’appel du dancefloor est bien là, la face sombre des nuits sans sommeil , le doute, le manque, le vide, l’absence, temporaire ou définitive, déjà bien présente dans les textes de cette première partie, émerge de manière plus nue, frontale à mesure que repasse au premier plan le talent de violoniste de Carla Pallone de Petite Italie en passant par l’explicite Le parfum des vautours jusqu’au featuring de Odezenne sur Le couteau qui accompagnera un peu plus loin également le groupe sur Une danse de mauvais goût des plus ambigües.

Textes poétiques sublimes et ambiance plus intimiste qui n’est pas sans faire écho à ce qui, dès 2004, avait séduit au sein de la rédaction lors de la participation du groupe au second volume de nos compilations avec Tomorrow.

Soir après soir un peu loin, signe un autre exemple déchirant de cette émotion à fleur de peau dont il n’est pas simple de ne pas sortir les émotions à vif et les larmes aux yeux.

Morceau qui permet également de mettre en évidence le travail sublime à la production de David Chalmin qui prendra toute son amplitude sur le final Le sang dans mes veines à la puissance sonore martiale absolument vertigineuse.

Ce dernier a peut-être trouvé, deux ans après Les âmes perdues, en Rebeka Warrior et Carla Pallone des âmes sœurs sonores et émotionnelles lors de la réalisation de ce disque. Et nous au passage, un disque immense, vertigineux, bouleversant. Assurément Monument. Aucunement Ordinaire.

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