La cavalcade ! Trentenaire goguenard et revenu de tout, quarantenaire stressé qui n’écoute plus de musique, cinquantenaire curieux mais fatigué, je te conseille moult assouplissements avant d’entamer la course folle que te propose Boost 3000.
Vivants, terriblement intelligents, habiles, généreux. Et toulousains, mais franchement, on s’en balance. Ces jeunes gens ont mille idées par seconde et leurs références parfaitement digérées, ils les dépassent avec tant de facilité qu’une douce sidération monte à chaque chanson.
L’urgence est là, l’économie aussi. Sept chansons, souvent moins de trois minutes. Mais bien plus de matière dans les 20 minutes de cet album seul que dans la discographie complète de Clara L. Par exemple. Au hasard. Matière à réflexion, matière à enchantement. La vie est trop courte, les espaces ordinairement proposés trop étriqués, la soupe habituelle trop fade. Boost 3000 veut du goût, des coups, veut tout et le prend la fleur aux dents. Tant pis pour les ralentis du cortex que la télévision a télévisés, la grâce est ici une évidence. Boost 3000, le bonbon acidulé garanti sans vulgarité.
Dans les rares interstices de ces tressages au quart de poil (de lama), on voit passer Stella (qui chantait Les vieux saucissons en 68 avant d’aller causer le Zeuhl au cœur du Magma), Oui Oui et toute la fraîcheur que Michel et Étienne charrient, Burgalat, Hyperclean. Devo et la ribambelle de ces joyeux furiosos du son, pour qui le monde va trop lentement, trop près, trop souvent. Mais aussi la poésie de Queneau, dans les mots qui frôlent le réel pour le faire vibrer avant de verser dans les couleurs bigarrées de la folie.
Le son est mat, chaud, pas exagérément compressé, un peu étriqué, et cela évoque bandes magnétiques et tables analogiques. Un son exotique, sans doute, aux oreilles des enfants des nineties, dont les tympans ont été archi-peignés à la froidure de la signature laser 44.1 kHz. Mais un océan de mémoire pour ceux et celles qui naquirent dans les décennies précédentes.
On sort de cet album Quel album avec l’étrange sentiment d’une découverte, une musique amie, une proposition irrésistible. D’une question et d’une exclamation aussi, mais les jeunes gens auteurs de cette joie en bâtons de couleurs se sont bien gardés d’indiquer la direction à suivre. Juste Quel album. Pas de point d’exclamation, pas de point d’interrogation.
Prends tout ça et pars avec, auditeur pressé et curieux. Tu as trouvé avec qui discuter.