Un soir de janvier 2013, à l’occasion d’un concert donné par Éloïse Decazes & Eric Chenaux, je me rends pour la première fois à La Loge, très intimiste salle de spectacle située dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, idéale pour un public attentif (incluant JP Nataf caché derrière une longue barbe hirsute). En sortant, j’attrape au passage quelques flyers et l’un d’entre eux attire mon attention : il est question de siestes acoustiques mensuelles, ayant lieu le dimanche après-midi, je me dis que je pourrais m’y rendre avec mes enfants et leur proposer une alternative à Aldebert, en bon père de famille que je suis, je me dois de leur apporter culture et prospérité. Vœu pieu, la vie joyeusement décousue me happe, je n’ai jamais remis les pieds à La Loge.

Entre-temps, les siestes acoustiques sont devenues une institution itinérante et son maître d’œuvre, le dijonnais Bastien Lallemant, a été nommé Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres – même promotion qu’Albin de la Simone. Auteur de cinq albums honorés par la critique et habitué d’ADA (« Ralentissons » figure sur le volume 49 de nos vénérables compilations), Bastien invite ses amis à prolonger l’instant avec « Les micro-siestes acoustiques – volume 1 », publié par Zamora Label, qui héberge également l’auteur de la pochette du disque, le dessinateur Charles Berberian.

Par une belle journée de mai 2021, Bastien Lallemant et sa tribu – JP Nataf, Albin de la Simone, Armelle Pioline, BabX, Blumi et Seb Martel – s’enferment pour mettre en boîte, en une session, les dix chansons qui composent « Les micro-siestes acoustiques – volume 1 » : séance de rattrapage à l’intention des distraits dans mon genre, et de tous ceux qui souhaitent retrouver l’atmosphère bienveillante de concerts où, dans un semi-sommeil souriant, se mêlent public et musiciens, en une rêverie partagée.