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« Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux ». Troisième et bien vénéneux bouquet pour le groupe Fleur du Mal, connu sur ADA pour avoir repris « Violent Past » dans le cadre d’un tribute du mythique « Drums and Guns » des américains de Low, mis en ligne en novembre 2020 : précisons d’emblée que, musicalement, les parisiens n’ont rien à voir avec les mormons de Duluth (Minnesota), si ce n’est le soin tout particulier apporté aux harmonies vocales, grâce auxquelles Obermann et Faber nous emmènent très haut et très loin.

Après deux EP parus en 2019 et 2020, le duo parisien s’est étoffé et livre un premier véritable album, publié par le label Araki Records. Les titres de « Spleen III » marient avec succès post rock ascendant shoegaze et métal teinté d’emo (surprenant mais très efficace), à coups d’envolées de guitares saturées et de riffs saignants que rehaussent une section rythmique à toute épreuve et une production millimétrée. « Spleen I », en une reprise de « Paris le Flore », secouait Etienne Daho, tandis que « Spleen II » caressait « Le lien défait », du sieur Murat. Sur « Spleen III », c’est une version dantesque de « Le courage des oiseaux » qui sert de terrain de jeu à Fleur du Mal, Dominique A appréciera.

La grande singularité de Fleur du Mal réside dans le chant en français, une originalité assumée qui pourrait faire fuir les puristes, effrayés à l’idée de croiser des clones de Kyo. Ce parti-pris, une fois l’oreille accoutumée, se révèle passionnant tant il est casse-gueule : on se demande quand les morceaux vont sombrer, jamais ils ne coulent, les voix sont maîtrisées et portent des textes sans fioritures, qui vont droit au cœur. Il y a dans « Spleen III » une prise de risque payante, qu’illustre à merveille un titre comme « Kasiranga », sorte de ballade emo pop avec son phrasé à la Indochine, ses énormes ponts grunge et son solo de guitare à la Jay Mascis boosté au hard 80s. En bougeant les lignes, Fleur du Mal occupe une place unique sur la scène post-rock métal, et c’est tout à son honneur.




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