Witold Bolik participe également à cette reprise :

Que représente Deus pour vous ?

La belgitude indé des années nonante dans toute sa bouillonnance surréelle, génie du sarcasme et rafraîchissement intégral de ce que la pop pouvait avoir d’étriqué à l’époque, on emmène la pop dans un bar, tout le monde se débraille un peu, on parle d’art avec elle toute la nuit en buvant des bières et on se réveille avec l’envie d’écrire les chansons les plus folles, les plus aventureuses, dans toutes les langues, avec un sourire en coin de gueule de bois qui permet finalement d’être plus sincère et profond que si l’on s’en tenait en touriste aux codes anglo-saxons du genre. Mais je m’emporte !

Pourquoi avoir participé à ce projet ?

Pour Memory of a festival, c’est une chanson dont je me rappelais justement assez peu (et dont je n’avais pas perçu la référence bowiïenne) ce qui m’a permis de l’aborder avec une oreille fraîche. J’ai bricolé sur la voix comme jamais, car ça va vite et je ne suis pas aussi "fluent" que ce que j’aimerais ; du coup on se retrouve avec des chuchotis doublés et panoramiqués, des chœurs en filigrane ou autres bizarreries qui rendraient la chanson difficile à comprendre si ce n’était pas une reprise, mais qui rentrent bien je pense dans le cadre d’une relecture. Pis j’aime bien la ligne de basse.

Pour Roses, j’avais enregistré une boucle de synthés et je me suis rendu compte qu’on y retrouvait ce truc fascinant dans le riff de guitare, cette descente d’un demi-ton, qui lui donne un côté tragique et super original, presque jazzy. Je n’ai pas retouché la structure du morceau qui n’était pas censé être aussi long, ce qui donne ce début maximaliste avec les arrangements et cette fin dépouillée aux grommellements de Korg tout seul.

Pour A shocking lack thereof, j’avais terriblement envie d’entendre vite les reprises des copains et je voyais que ce morceau demeurait sans repreneur à l’époque, j’ai demandé à Damien de dylan Municipal si ça le tentait de s’y attaquer avec moi. J’ai tout enregistré à la mandolinka, aux synthés, aux boîtes et à la basse électrique, puis perdu toutes ces pistes. J’ai réenregistré une version un peu plus sobre en m’abstenant de merdouiller cette fois, et quand Damien m’a envoyé sa géniale prise de voix j’ai revu un petit peu la structure et le mix pour aérer et lui donner plus de place, et j’ai aussi fait les chœurs. On est super content du résultat de cette collaboration !

Si vous deviez retenir une chanson de Deus ?

Roses est le premier choc auditif (avec ce break hardcore d’une demie seconde, le genre de trucs que je n’osais imaginer en pop jusque là), mais Instant street est la plus représentative d’une musique qui démarre sur des terrains connus pour t’emmener subrepticement dans une hystérie absolue.

L’héritier sur la scène actuelle ?

J’aimerais bien réécouter la reprise de Joe Dassin par Vieux sur soundcloud, parce que la première fois que je l’ai écoutée, ça m’a fait cet effet bizarre de flottement entre le premier degré le plus candide et le sarcasme, ce côté à la fois passionnel et dégagé que je trouvais dans dEUS. À ce titre-là je ne suis pas un ennemi de l’autotune d’ailleurs, ça donne ce genre de mélange entre sentimentalisme et robotisation que j’aime bien.

Mais bon, soundcloud plante tout de suite et si ça se trouve en réécoutant je serai convaincu du contraire. Ah ben du coup j’ai finalement un mot pour dEUS (mais toujours pas d’album) :

dEUS en un mot ?

Changeant.

Mon actualité

Michel Karton sort bientôt le disque "Back catalogue" auquel je suis fier d’avoir activement participé.

Je peaufine sans me presser mon disque de fausses/vraies premières démos (des vrais premiers enregistrements mêlés à des réinterprétations "comme si c’était la première fois" de mes compos), ainsi que d’autres albums bandcamp comme Witold Snorbok (auquel je n’ai toujours pas trouvé de vrai titre) ou les "Sessions" (des morceaux généralement instrumentaux avec une forte prédominance de synthés analogiques enregistrés en direct, avec des overdubs acoustiques), ou les Improvisations... Les dates de parution physique prévues vont de 2025 à 2035, ce qui ne représente aucunement un engagement de ma part...

J’espère aussi refaire des trucs avec dylan Municipal, dont je suis aussi fan qu’ami, parce que c’était bien chouette.