C’est le 10 février 1519, qu’Hernán Cortés posa le pied sur le Mexique, usurpant ce mot de découverte. De là-bas, au fil des siècles, les Européens ramenèrent ce qu’il a de mieux ou de pire, cela allant de la Tequila à Speedy Gonzales en passant par le gamin de Pépito ou des mariachis en plein pendant le mondial 1986 et ses matchs à midi à Guadalajara en plein cagnard (respect éternel aux joueurs d’un des plus grands matches de l’histoire, le France Brésil de Joel Bats, Patrick Battiston et Jean Tigana). De ce pays le quatuor breton composé de Coco (guitare et basse), Hugo (batterie et boîte à rythmes), Morgan (chant et guitare) et Théo (basse et synthé Korg MS-20) a repris le nom du groupe, mais aussi cette part d’exotisme qui fait du Mexique un des pays les plus excitants, et pas seulement pour les bacchantes extraordinaires des malfrats dans les fictions aux ponctuations remplacées par caramba. Ne cherchez une influence que Calexico a déjà pas mal pillée, mais un état d’esprit, et une forme de confrontation avec les épices musicales les plus ardues quand elles sont combinées, le post punk, le psychédélisme et le Krautrock. Il en ressort un disque massif, sans nous offrir une seconde de répit tout au long des 9 titres, la rythmique semblant creuser un cimetière gigantesque avec une fréquence pouvant s’apparenter à de l’hypnose quand nous ne nous fixons que sur elle. Mais cela serait sans compter sur un chant aux scansions maîtrisées, à la sombritude aussi flippante que les reproductions de l’artwork. Les guitares et les claviers sont des raies de lumières dans ce clair très obscur, ajoutant une tension, jamais totalement suffocante, mais toujours suffisamment prégnante pour vous laisser en alerter et en tension même physique. Disque construit comme un monolithe (ou un temple Maya du Kukulcan) « Noche Triste » pose les pieds sur un terrain pas si connu dans le rock d’ici celui d’une sorte de perfection. Terremoto.