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L’inventivité, ça ne s’invente pas ni ne se décrète : du haut de sa riche discographie et du fond de sa campagne québécoise, René Lussier nous adresse un jovial pied de nez salutaire, d’instrumentaux parlés en groove inattendus, desquels à chaque fois que l’on croit tenir le fil c’est le pull-over entier qui se détricote, cavalant à toute berzingue sur la piste d’un jazz noise branque metal que l’on poursuit avec étonnement, pantins malgré nous d’une écoute réjouissante et sans œillères, tant la musicalité de « Au Diable Vert » nous renvoie dans les cordes à chaque fois que l’on croit tenir l’excellent bout d’un album en tous points débridés.

En neuf morceaux, René Lussier et ses compagnons de route dressent le portrait d’un arrière-pays bariolé et psychédéliques, dont les titres enjoués reflètent la folie coutumière (« Western ô Pode »). N’empêche que sur « Barré » (neuf minutes, masterpiece), l’accordéon mâtiné d’ondes Martenot, c’est émouvant, et les bruits de bouche apportent à cette névrose passagère un chien fou, avant que l’emo-punk n’emporte tout sur son passage lyrique. Qui en ce bas monde permet une telle liberté ?

« Au Diable Vert » est drogue littérale, il enivre, il étonne, il détonne. Les intermèdes débiles à base de dialogues décalés et de chats sont drôlissimes – on dirait qu’au Québec aussi le confinement a fait des dégâts, et ça donne un album génial, à s’injecter dans les veines les soirs de spleen.




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