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« Suave et spooky »… Ce trip a commencé avec Sean Nicholas Savage. En fait non, tout a commencé avec mon meilleur ami gay qui achetait dix CDs par semaine (oui, oui, promis !) et qui (quel amour !) me les copiait tous sur mon ordi afin de m’aider à délaisser le gangsta-rap (bonne chance !) pour me permettre de rendre mes parents fiers en me faisant faire un jour un beau mariage (raté !). Donc je me suis mise à écouter Sean Nicholas Savage - et ses chansons sont toutes sauvages, je confirme, comme son patronyme. Son univers n’est pas sans rappeler les soirées étudiantes (tiser, acheter du shit, qui a pensé au shit, re-tiser, où trouver le shit, qui a réuni l’argent pour le shit, puis qui va conduire, qui va chercher des kebabs, etc). Un univers glamour bien à lui, mais clairement pas le genre de type que l’on présente à ses parents. De Sean on passe rapidement à Mac DeMarco, comment ne pas l’aimer, il est tellement drôle, et s’il y a bien une qualité que l’on se doit de travailler, c’est l’auto-dérision - je devine en quoi cet avis peut sembler tranché à tous les adorables lecteurs que vous êtes, mais que voulez-vous, on ne connaît pas la demie-mesure ici chez ADA. Puis de Mac, qui ne s’arrêtera de composer que quand il aura crevé de son cancer du poumon, on peut (à mon sens) aller directement écouter Sam Evian, mais alors tout, tout, tout ! Trois bornes solides, masculines certes mais des types pas ennuyeux pour deux sous, trois gars super gentils et créatifs, grand public, accessibles, bref : tout roulait. Seulement voilà, voilà, les filles s’en mêlent. Parce qu’en fait, certaines filles ont de l’humour. Eh ouais !

Et c’est le cas de certaines artistes comme Jay Som (dont je vous conseille de ré-écouter l’excellent « Everybody works »), de grandeurs comme Natalie Mering, génialissime compositrice et interprète, comme… je vous laisse terminer la liste avec qui vous voudrez, je m’en fiche en fait. Ça veut dire qu’on pourrait danser tout l’été en souriant béatement, non pas sur Pj Harvey qui nous rappelle à quel point on est vieille et moche et qu’on rentrait dans du 36 quand on était en classe de seconde (alors qu’on se demandait déjà qui paierait pour le shit). On pourrait se rattraper sur The Beths, nous qui nous accrochions désespérément à Karen O juste avant qu’elle ne sombre, à Kazu Makino (Blonde Redhead) - mais qu’est-ce-qu’elle était chiante à vouloir empêcher son public de fumer en concert ! Bref bref, où étaient passées les femmes fun ?

Aujourd’hui, moi je compte sur Ellen « El » Kempner pour me faire marrer, même tragiquement, oui mais qui c’est ? Eh bien, ces cinq dernières années Ellen Kempner s’est établie comme une voix reconnaissable et prolifique entre toutes les voix de l’indie rock, accumulant les fans grâce à un lyrisme poignant et à une technique ultra-pointue (jouant de tous les instruments, la meuf est née pour ça).

Sur «  A place I’ll always go », album de 2017 - Ellen avait alors perdu une amie, plus sa grand-mère, elle avait 22 ans, les textes et la musique étaient intenses, c’était pas tendre - j’ai néanmoins un petit faible pour « Room », un morceau super sexy. El emploie plein de vrais instruments rock et ça fait plaisir, mais c’est pas chochotte attention, pas de princesse en détresse là, c’est du lourd, c’est des tubes, et en 2023 : banco ! El va sortir un nouvel album de son groupe Palehound produit par Sam Evian. Bueno !

Évoquant « Killer », single sorti en 2019, elle disait qu’elle possède « tous ces fantasmes de meurtre qu’elle aimerait projeter sur les gens qui ont abusé de ses amis, car leurs crimes restent impunis », rapporte un confrère chroniqueur américain qui l’interviewait alors. Au début j’avais mal compris (c’est écrit en Anglais et je ne suis pas toujours une flèche malgré les apparences) je trouvais drôlissime (j’aime l’humour) qu’El aie des fantaisies de meurtres sur ses PROPRES amis. Ben non j’avais rien pigé ! Et du coup ça me gâche un peu le plaisir d’écouter, c’est un peu triste que des gens fassent du mal aux autres, je trouve ça nul et ça m’empêche de profiter de Palehound égoïstement. Mais une chose est sûre : je danserai sur « The Clutch » le single, jusqu’à ce que l’album sorte, air-guitar à genoux et grosse basse qui tue, et si vous êtes là ben on poussera le son à fond quand on prendra la voiture pour aller chercher les kebabs après le shit !




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