Le cinquième album de la néozélandaise Maxine Funke, épuré et minimal pourrait s’appeler « vers la douceur » . Une douceur qui ne confine jamais avec la niaiserie ou l’ennui, une douceur qui peut nous surprendre aussi. Maxine Funke a écrit, composé et enregistré un album aux deux volets marqués. D’abord une folk feutrée, la guitare en arpège, non sans évoquer le splendide Colour green de Sibylle Baier. L’oxymore d’une sérénité donnée par une femme intranquille. La joie parfois apparait même comme dans le très beau Cherry Blossom Gin, un cocktail à expérimenter sans hésitation, aérien et volontaire.

Maxine Funke semble s’adresser à chacun, un album solitaire et pour un auditeur chaque fois unique, pris par la main, auquel elle semble parler à l’oreille. La voix est discrète et pourtant mise en avant, en valeur, accompagnée et soutenue par la guitare, et nous sommes par magie, ce you auquel elle s’adresse. Elle est à nos côtés, intime et hantée, la voix claire et mélodieuse. Les deux derniers morceaux du disque, le font basculer ailleurs, de la folk vers l’electronica lo-fi. Long beach apporte des percussions pour la première fois, dans un chaos instrumental qui laisse place encore davantage à l’inquiétant, à travers des sons comme issus de la nature. Un morceau très lent, qui prend de l’ampleur, à la manière d’un violon triste et envoûtant qui nous laisse sur le qui-vive.

Et puis le très long, mais surtout pas trop long Oblivion, qui nécessite la durée pour se déployer. D’abord plus difficile d’accès, un bruitisme qui vient friser les nerfs quand le reste de l’album les a cajolés et adoucis. L’apparition de la dissonance dans un virage expérimental, presque dérangeant, heurtant, que viennent à peine apaiser des oiseaux en multitude.

Mais la voix revient, rapporte la mélodie et nous ramène vers la douceur dans un ensemble qui semble atterrir dans une chapelle ensoleillée.