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« Guitars’ grand ressac, woods and fields, rhythm, rivers and stagnant waters, intimate relationships, cities and factories, the news, happiness and strange feelings, french words. » De la mer à Nantes vers La montagne lozérienne via Berlin, l’itinéraire d’un artiste en perpétuel mouvement.

Quand on demande à Timothée Demoury de proposer un disque important il cite le premier album de Tortoise et, à l’écoute de La Montagne, EP paru fin mai chez Sosei Records, cette référence peut surprendre. Pourtant, il a un temps été représentant de la famille post-rock par certains aspects de son précédent projet, Brome, mais il s’est depuis affranchi de toute forme d’étiquette et a laissé dériver sa foisonnante créativité, au grès des courants.

Chez Grand Ressac, il a ainsi conservé un « spoken word » caractéristique d’un Enabler sans s’interdire, parfois, une esthétique hip hop (Nuit Hyaline). On pense à la tension de Corps de ferme à l’abandon de Dominique A en écoutant les premières mesures de Corail blanc quand le phrasé se fait plus robotique sur Dis-le. Timothée a mis de côté les guitares et les distorsions aride(s) de Brome qui irait au lac pour une ambiance plus électronique (Fario) et c’est ça qui fait la richesse de cet artiste insaisissable dont le « fond de commerce » demeure « les histoires d’amour tristes ».

Cette richesse et ce mélange des genres se traduisent aussi par les beatmakers dont Timothée Demoury a su s’entourer. Si la dimension électronique est clairement assumée par l’intermédiaire de Cisco et Rodin Kauffman, Grand Ressac s’est attaché les services de Sébastien Daudé, batteur du légendaire trio noise Pord et cheville ouvrière du Mordorfest*, lequel ne saurait renier la vidéo de Fario dont un plan est tourné à la cascade du Déroc, sur l’Aubrac.

Pauline Dupuy vient elle perpétuer une tradition de « backing vocals » déjà bien installée par Claire Weidmann dans Brome mais aussi Bocage (autre projet ciné concert du stakhanoviste Timothée), et se charge aussi des fondations à la basse et à la contrebasse quand les chœurs incombent à Gisèle Pape.

Même si, en amateur de musique mouvante, on se sent plus proche du monde de Brome, La Montagne de Grand Ressac se distingue par une réelle originalité et est la preuve que le talentueux Timothée Demoury et sa bande ne se contentent pas de creuser le même sillon.

*Le Mordorfest se tiendra cette année les 11 et 12 août, à la cascade du Déroc, près de Nasbinals(48), sur l’Aubrac.

www.mordorfest.fr




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