On est immédiatement hooké par l’artwork. Le nom du groupe aussi... Grive. Ça sent l’automne, octobre. Les cédales. Et puis une maison détruite, comme celle de Ulysses S Grant dans le New Jersey, on a déjà vu ça chez Set Fire to Flames. Alors on se dit qu’avec Paul Régimbeau aux manettes, on va avoir droit a des expérimentations made in Hotel2Tango.
Des sonorités qui rappellent d’autres oiseaux tempétueux il y en a, comme cette ligne de basse rageuse sur Quicksands, le morceau le plus réussi de Tales of Uncertainty ; mais on sent bien que les environnements mouvants et évolutifs sont avant tout au service de la voix (trop ?) omniprésente d’Agnès Gayraud.
Mais après tout pourquoi pas. Le titre de ce premier album suggère que le storytelling est ici central. Une femme paumée dans Hotel Room, un Burger Shack où l’on se souvient de Mary Ingalls ici habillée d’arpèges à la Everybody Hurts (Un morceau retravaillé depuis le premier EP, This Road Never Ends). Une femme vénéneuse un peu Creep dans Darkest Woman on Earth et une planète où l’homme a disparu (Sahel va devoir se débrouiller tout seul...) dans How Many Years. Grive nous ramène des histoires d’un monde sensible et ébranlé au fil de huit compositions aux démarches particulièrement homogènes et cohérentes.
Grive obscure
Mais ce qu’on retient, c’est surtout la toile de fond de chacune des compositions. Les fondations sont solides, l’environnement ambient est léché, les textures réverbérées, les pannings immersifs et la démarche progressive de la plupart des morceaux offre à Agnès Gayraud, qui s’essaye à l’anglais, un terrain de jeu aux antipodes de La Féline.
Même si Tales of Uncertainty ne fera pas l’unanimité chez tous les disciples de Constellation, il saura prendre au piège plus d’un amateur de pop aventureuse automnale.