The Archetypal Syndicate est un spectral rituel de transe du 21ème siècle pour une communication dansante, mélodique et entre tous les esprits vivants. Rien qu’à la lecture de cette définition, Bruno Retailleau est en PLS, convoquant à Beauvau les artificielles intelligences des chantres du grand remplacement, oubliant les mots importants « les esprits vivants », ce qui doit les rassurer, morts qu’ils sont.

Mélangeant guembri, lamellophones, guitare portugaise et percussions extrême-orientales, le trio parisien composé de Paul Wacrenier (Healing Orchestra, Healing Unit, Kami Octet), Karsten Hochapfel  (Naissam Jalal, Le Cri du Caire, Odeia) et Sven Clerx (Surnatural Orchestra, Wassim Halal), cuisine savamment les sonorités tout en nous plongeant dans un état second tout en maîtrise, donnant à cet ensemble une coloration (la pochette en témoigne.) festive. Totalement psychédélique (tata Jeanine sortira la boite à souvenir des années Woodstock en entendant les premières notes de Horizonarise), radicalement adepte du précepte d’une tradition jazz, profondément ancré dans la spontanéité de l’enregistrement comme témoignage d’un instant non préparé ou conditionné (Pretty Moon Garden), Happy Transmutation est un disque libre et heureux de le clamer. Comme une immense table regorgeant d’une myriade de plats à partager, Happy Transmutation est grand ouvert au monde, aux autres, avec la fossette lumineuse vous proposant de jouer, danser, voler avec lui, sans jamais perdre de vue qu’il reste nécessaire de garder les deux pieds sur terre (une transe certes, mais emprunt d’une solennité cartésienne), peu importe où celle-ci se trouvera. Pas politique, ce disque est une ode au monde et à tout ce qui le compose, à la vie et de sa sublime fugacité, un précis de recomposition par la diversité dans un monde en décomposition et qui se ferme à double tour. Ouverture des sens.