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O tempora, o mores. Pourtant porteur d’une critique à peine voilée de la politique sécuritaire des années Reagan, il est probable qu’aujourd’hui Robocop – premier long métrage hollywoodien de Paul Verhoeven – passerait sous les fourches caudines du progressisme, nuance et conscience ne faisant malheureusement pas bon ménage. Dans la criarde Amérique des eighties, on aimait bien mettre en scène des gentils (très) méchants avec les méchants : en lieu et place d’un énième pardon ou d’un stage de poney, le voyage ad patres était la sanction. Formé à Rennes en 2012, le trio Fragments, que nous avions laissé sur l’ambitieux livre-disque Amasia (2022), se substitue au compositeur Basil Poledouris pour illustrer un monument du cinéma de genre, narrant les pérégrinations d’un policier robotique en quête de justice, tout autant que de son passé amoché – il finira par se retourner contre le conglomérat militaro-industriel qui l’employait. En douze instrumentaux gorgés de sonorités vintage, tous claviers devant, Tom Beaudouin, Antoine Gandon et Benjamin Le Baron retranscrivent avec une minutie tout à fait proustienne l’atmosphère rétrofuturiste d’une Detroit au bord de l’abîme : de la new wave krautrock de l’enlevé Don’t Touch Me, Man ! au mid-tempo Flat Line (qui rappelle le travail de Pawel Blaszczak sur le jeu vidéo Dying Light), en passant par l’épique électro post-rock I Never Missed a Game ou l’ambient groovy I’d Buy That For a Dollar, c’est un pan entier de ma mémoire d’adolescent que l’on ravive. Bien plus qu’une madeleine, de rythmiques linéaires en volutes synthétiques, arpégiations mélodieuses et motifs répétitifs, le quatrième album de Fragments (qui par ailleurs avait œuvré sur le génial Fargo des frères Coen ; souvenirs émus de la grandiose bande-son concoctée par Carter Burwell) est – dans deux directions opposées et néanmoins parfaitement synchrones – un voyage ubique.




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