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Dans un monde un peu meilleur, un monde éthique, un monde juste, un monde qui malheureusement n’existera jamais, à cause de vous, à cause de moi, la mélopée désabusée Rien serait en tête des charts et le groupe Question Rouge au centre de toutes les attentions : post-tout, post-on-ne-sait-plus-quoi, à force de considérer que tout est post-truc ou avant-machin, l’on admet que nous ne savons plus exister au présent. Rien n’est rien de moins qu’une baffe de quatre minutes : interprétation sur le fil du rasoir, arrangements crus, mélodie entêtante – constat blafard, organique, à l’image de la production, âpre et néanmoins riche, riche de la musicalité humble de ses interprètes. Guitares électriques qui s’entremêlent mais jamais ne masquent l’absence d’inspiration derrière un mur de distorsion, basse mesurée, batterie appliquée, ici l’esbroufe n’a pas sa place. Certes, le final shoegaze de Double Peine, certes le baggy Rendez-Vous, évidemment, la finesse n’est pas exempte d’énergie. Il faut dire que Question Rouge n’est pas né de la dernière pluie, le groupe réunit des membres de Cvantez et de Petit Personnel : portées par le chant apaisé d’Alexia Chatirichvili, les quatorze compositions de cet opus inaugural évoquent Autour De Lucie (pop ligne claire, lettrée), Dominique A époque Remué (fuir la pop), la jeune Cat Power (l’urgence mesurée) et Stereolab (de l’usage de la répétition comme hypnose : le final de Si ça existe). Sur Platini (le meilleur joueur de football, selon mes yeux truqués d’enfant), délicat exercice de mélancolie tranquille, qui infuse l’ensemble de l’album. La maturité, c’est prendre son temps. Et dire les choses calmement. En cette époque bavarde, criarde et affreusement hâtive, Question Rouge est une anomalie, une anomalie qui fait du bien.




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