25 octobre 2025 / Qu’elles sont les loin les années 1990 qui ont vu débuter Neil Hannon et consorts, quand on comparait leur folk désenchantée (et grattée aux cordes d’une guitare mélancolique) aux mélodies de Suede et de My Bloody Valentine ! The Divine Comedy revient avec cet album Rainy Sunday Afternoon écrit à Dublin - où Neil Hannon a établi ses quartiers (l’artiste est originaire d’Irlande du Nord) voici vingt ans. Dublin où le grandiose Absent Friends naquit - un autre album qui n’est pas sans rappeler aujourd’hui cet "après-midi de dimanche pluvieux". Neil Hannon et ses chansons nous accueillent dans un auditorium lounge orné d’accords délicats, de saxophone lointain, de paroles suavement acides lancées tel un Jay-Jay Johanson (qui lui non plus n’a pas dit son dernier mot. Il a sorti cette année son album Trompe-L’œil sur le rare label parisien 29 Music.)
Pourquoi ce disque « baroque-pop » (oui, cette catégorie existe !) alors que Neil Hannon s’est vu consacré par sa composition de bandes-originales de films comme les récents Wonka ou encore Barbie ? Il pourrait en effet se reposer sur ses (érudits) lauriers. Eh bien, because : « I love all that stuff ! » répond l’artiste. Toujours féru de belles lettres - et de trouvailles sonores tout aussi ingénieuses et musicalement risquées les unes que les autres - Neil Hannon sort cet album aussi légèrement que s’il avait (encore) vingt ans. Entre Halloween et Noël, la sortie de cet album sonne comme un opéra-rock digne des plus grands Queen ou du Rocky Horror Picture Show teinté de dissonances toutes psychédéliques.
Magie de la musique pop, l’auteur de Rainy Sunday Afternoon y croit toujours autant que s’il soumettait sa première maquette à une grande maison de disques. Juvénile s’il en est, en effet Neil Hannon ne se départit pas ni de sa verve ni d’une certaine grandiloquence qui auront produit ses meilleurs titres… Jusqu’à cette consécration tardive, celles de l’âge mûr et d’une carrière longue de treize albums. Rien à jeter, les fans seront conquis autant que les amateurs de disques de « fin d’année » car, oui, Rainy Sunday Afternoon est votre b.o. parfaite pour les fêtes (et ceci est écrit sans ironie aucune). Les titres dansent une ronde malicieuse mais jamais désenchantée, ancrés qu’ils sont dans la réalité très concrète de l’époque. The Divine Comedy n’aura cependant jamais autant mérité son nom médiéval que sur cet épique album-poème.