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Dans sa volonté de me redonner du bien-être, et de devenir aussi paisible qu’un éleveur de vache allaitante en Thiérache (j’en reviens, ils sont cools.) mon médecin tente avec son bagage universitaire et son expérience de faire diminuer ma tension interne de façon raisonnable, afin que je quitte cette posture d’un arc tendu qui ne laissera jamais partir sa flèche. En plus de ces préconisations médicamenteuses, et de mes recherches en matière de plantes, elle me conseille évidemment d’éviter tout ce qui pourrait être sujet à des poussées de tension, comme le sport devant la télé, les thrillers habités, les livres d’Amélie Nothomb (le stress venant de l’état d’un compte bancaire condamné à payer un impôt, chaque rentrée littéraire a la cinglée en noir.) et la musique dite agressive. Et là, je me marre. Car si un festival comme le Helfest est une des antres du satanisme pompier, la musique qui y est dispensée n’est agressive que pour les oreilles, et ne gage en rien d’une tension montante. Non, la tension à éviter est ailleurs, mais comme elle est le combustible en musique de ma vie de mélomane moyennement averti, j’en prends des doses irraisonnables quand elle se présente à moi. Et c’est le cas avec Maxime Poubanne (Tchewsky and Wood), Pierre-Alexis Rouillé (Memoranda) et Nicolas Disez (Nüde), qui sous le nom de Fauna Nova nous propose avec ce Furz / Botch un post punk se fracassant sous les murs d’un Krautrock rugeux, mais rebondissant (Polite Boy ou Joy Division chez Derrick sous ecstasy). Enregistré en direct (le groupe avait même pensé perdre l’intégralité de son travail suite à une mauvaise blague d’un ordinateur à l’humour très limite.) comme pour garder, l’énergie de l’urgence des compositions, l’album foisonne de ces titres à monter dans une berline fougueuse et de brûler l’asphalte d’une autobahn (sur un Animals, véhicule aux gentes équipées de pic de lacération) seul vestige d’un monde tombé dans l’antre d’un enfer peuplé de doppelgänger. Il faudra bien l’invitation incongrue et fruitée de To Be Continued pour faire redescendre la tension, car les morceaux s’enchaînent comme pour interdire la respiration, et d’imposer au cœur une fibrillation (Obsession) pour mieux lui redonner un coup presque fatal avant de lui imposer un monstrueux Deutsch qui me donnerait 43 ans après des envies pourtant depuis ensevelies, de tuer Karl-Heinz Rummenigge. En dix titres, comme autant de proposition d’en finir avec la quiétude, Fauna Nova inocule à la pile que je suis, de quoi concurrencer le lapin Duracel. Une claque, comme un électrochoc en cette fin d’année naissante. Hypertendu.




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